mardi 8 février 2022

En descendant la rivière


 Cela fait des années que j’entends parler d’Edward Abbey, de ses livres considérés comme des références en matière de nature writting. J’avais tenté une fois, sans trop de succès ; sans doute pas le bon moment, pas le bon titre pour commencer. En tout cas il me fallait y revenir.

Je choisis donc d’aller sur l’eau, et de pagayer dans les canyons américains ; connus et moins connus. Peu importe. Le dépaysement est total ; la découverte chargée d’adrénaline.

Edward Abbey est un rebelle, un contestataire ; un radical ; un type qui a des convictions et les défend. L’environnement sera le combat de sa vie. Son œuvre littéraire est y entièrement dédiée.

Onze récits constituent ce recueil, chacun consacré à une descente de rivière. Le premier est un vibrant hommage à une figure majeure des lettres américaines : Henry David Thoreau, essayiste, philosophe, naturaliste et poète ; un modèle pour lui.

″Thoreau, en revanche, gagne en importance à chaque nouvelle décennie. Plus nos Etats-Unis sombrent dans l’industrialisme, l’urbanisme, le militarisme-entrainant le reste du monde, qui fait de son mieux pour imiter l’Amérique-plus poignant, plus puissant, plus séduisant devient l’appel de Thoreau au droit de chaque homme, chaque femme, chaque enfant, chaque chien, chaque arbre, chaque snail darter, chaque brin de mauvaises herbe, chaque choses vivante, à vivre sa propre vie à sa propre manière, selon son propre rythme dans ses deux cent cinquante hectares d’habitat bien à lui.Ou sa propre section de rivière.″

Edward Abbey ne se contente pas de décrire, sublimement du reste, les endroits qu’il traverse ; il dénonce les dérives mercantiles, la commercialisation à outrance des milieux naturels et vulnérables, la course au profit, au progrès. Il fustige les dégradations, le vandalisme, la désacralisation de certains territoires.

Tous les sens sont mis à contribution dans la prose d’Edward Abbey, magnifiquement traduite par Jacques Mailhos ; comme toujours du reste !

Abbey m’a conquise. J’ai fermé les yeux quelques minutes lorsqu’il est au fond du grand Canyon, j’aurais aimé pouvoir me transporter ….

Je relirai Abbey, c’est promis ! Et Thoreau, aussi….

En descendant la rivière d’Edward Abbey, traduit de l’américain par Jacques Mailhos, aux éditions Gallmeister (1982 pour la parution originale ; Janvier 2021 ;235 pages)

 


Edward Abbey (1927-1989) est né dans la ville d'Indiana, en Pennsylvanie, le 29 janvier 1927. En 1944, à l'âge de dix-sept ans, il quitte la ferme familiale pour traverser les États-Unis en stop et partir à la découverte de l'Ouest américain. C'est alors qu'il tombe fou amoureux du désert, d'un amour qui l'animera toute sa vie.

Après un bref séjour dans l'armée en Italie entre 1945 et 1947, il rejoint l'université et rédige une thèse sur "L'anarchie et la moralité de la violence". Pendant ses études, il se fait remarquer par le FBI, qui commence à le surveiller après qu'il a incité ses camarades à brûler leurs papiers de conscription. Cette surveillance durera toute sa vie - ce à quoi Abbey rétorqua, quand on le lui fit remarquer, "Je considérerais comme un affront qu'ils ne fassent pas attention à moi."

Il commence à travailler en tant que ranger dans divers parcs nationaux américains et passe notamment deux saisons au parc national des Arches, dans l'Utah. Cette expérience lui inspirera son récit Désert solitaire, publié en 1968.

Il gagne en notoriété en 1962 quand son roman Seuls sont les indomptés est porté à l'écran avec Kirk Douglas et Gena Rowlands dans les rôles principaux.

Le succès de Désert solitaire et du roman Le Gang de la clef à molette, paru en 1975, font de lui une icône de la contre-culture et le pionnier d'une prise de conscience écologiste aux États-Unis. Le New York Times le qualifie de "héros subversif de l'underground". Personnage provocateur et subversif, il devient le pape du nature writing. De nombreux écrivains se réclament de sa vision radicale de la société, dont Larry McMurtry, qui l'appelle "le Thoreau de l'Ouest américain".

En 1987, il se voit offrir un des prix littéraires les plus prestigieux de l'Académie américaine des arts et des lettres. Mais il décline cet honneur : il avait prévu la descente d'une rivière de l'Idaho la semaine de la cérémonie de remise du prix…

Abbey meurt en 1989 à l'âge de soixante-deux ans des complications d'une intervention chirurgicale. Il laisse derrière lui une veuve, quatre enfants, une douzaine de livres et un message pour la postérité : "No comment." Il avait demandé à être enterré clandestinement dans le désert, ce dont se charge son ami Doug Peacock. Aujourd'hui encore, personne ne sait où se trouve sa tombe.


 

 Ouvrage qui représente Pennsylvanie ( lieu de naissance de l'auteur ), et le thème du mois de février " Nature writting" du challenge 1année avec les éditions Gallmeister .

1 commentaire:

  1. Tu m'as convaincue, je note ! J'ai lu deux livres d'Edward Abbey, Le feu sur la montagne qui m'avait plu et Désert solitaire, qui m'a un peu agacée, par contre...

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