mercredi 2 mars 2022

Sachez que nous sommes toujours là


Je suis descendante de survivants de la Shoah, ce qui par définition, signifie que notre histoire est complexe et tragique.

Parce que son enfance est faite de secrets, de non-dits, de silence, et parfois de révélations abruptes, Esther Safran Foer a entrepris la quarantaine venue, de rechercher activement ce que fut son histoire familiale. Pour elle, était venu le temps de combler les failles et les silences. D’abord aux USA, directement auprès de sa mère vieillissante et peu prompte à parler, en consultant tous azimut les archives juives, les mémorial, associations, les nombreux sites généalogiques ; puis vint le tour de son fils, Jonathan qui à l’occasion d’un séjour en Ukraine d’où provient son grand-père, en tira un roman (que je lirai par la suite) faute d’avoir pu trouver sur place les informations concernant la famille qui a protégé et caché son grand-père.

De cet ouvrage est né un projet de voyage d’Esther.

Je voulais faire savoir à mes ancêtres que je ne les avais pas oubliés. Que nous sommes toujours là.

Ce récit est l’histoire de ce voyage, de cette recherche fructueuse, mais également l’histoire émouvante et chaotique de cette famille soumise comme tant d’autres à la destruction et l’humiliation.

J’ai beaucoup aimé la simplicité, la force et la tendresse avec laquelle Esther Safran Foer complète le puzzle familial. Marié à un homme dont la famille n’a eu le même vécu ni le même rapport à l’Europe, ressentait fortement le besoin de s’approprier cette part de son histoire qui lui avait été cachée, et qu’elle tient tant à transmettre à ses fils et ses petits -enfants.

Ce recueil se veut simplement écrit, illustré intelligemment, et abondamment documenté.

Sachez que nous sommes toujours là d’Esther Safran Foer, traduit de l’américain par Stéphane Roques, aux éditions Les escales (Janvier 2022,240 pages)

Esther Safran Foer est née à Lodz, en Pologne, en 1946 et est arrivé aux États-Unis en 1949 via un camp de personnes déplacées en Allemagne. Nommée d’après ses deux grands-mères décédées, elle dit avoir compris instinctivement que son rôle au sein de la famille était d’apporter de la joie.

Elle est la mère du romancier à succès Jonathan Safran Foer et de ses frères Franklin et Joshua, tous deux journalistes et écrivains .

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