mercredi 31 août 2022

Mokhtar et le figuier

 

Ce petit bijou restera comme mon premier achat de cette rentrée, celui qui parmi tous ses comparses m’a tapé dans l’œil. Sa 4ème de couverture n’en disait rien, si ce n’est un extrait que je n’ai pas lu, car je ne lis pas les extraits, uniquement le résumé s’l y en a, en revanche sa couverture superbe, et son titre énigmatique ont fait la différence.

L’histoire nous porte en Algérie, encore française, à la rencontre de la famille de Kouider et Aïchouche. Ils vivent dans une toute petite maison de deux pièces, avec leur fils Moussa, les autres enfants ayant déménagé une fois mariés. Kouider, patriarche travaille un peu plus bas, à la ferme Manhès.

Kouider n’est pas bien riche, si ce n’est de sa droiture, de sa famille et en particulier Mokhtar son petit- fils adoré et de son figuier, seul arbre de son modeste jardin.

Ce figuier est bien davantage qu’un arbre planté au milieu d’un jardin. C’est un membre à part entière de cette famille, une figure essentielle, tutélaire. Le figuier apaise, permet au patriarche de se reposer à l’ombre, nourrit, guérit, recueille selon les traditions familiales les petits d’intimités de chacun.

Quand les parents de Mokhtar prendront leur envol, et iront s’installer à la ville, le figuier sera toujours ce point fixe vers lequel chacun revient dans les jours heureux, comme les jours de deuil.

Le départ de Mokhtar pour la ville, bien qu’il corresponde peu ou prou aux débuts de la guerre d’indépendance, n’est pas vécu comme un arrachement. Les évènements sont discrètement évoqués C’est pour lui à la découverte du cinéma, des conditions de vie difficiles de la vie citadine, l’école, la photographie et la mer avec son père, la lecture, l’écriture avec sa mère qui pourtant ne connait que les lettres de son prénom, le corps féminin et ses mystères au Hammam…L’auteur prend le parti d’évoquer la vie dans tous ses aspects en les enveloppant de douceur, d’odeurs et de parfums agréable.

C’est délicieusement teinté de nostalgie, admirablement écrit, poétique à souhait, divinement imagé.

Cet ouvrage m’a littéralement envoutée, transportée ailleurs, et dans un autre temps.

Mokhtar et le figuier d’Abdelkader Djemaï, aux éditions Le Pommier (Août 2022,130 pages)


Abdelkader Djemaï est auteur de nouvelles, de pièces de théâtre et de romans, né à Oran en Algérie en 1948.

Journaliste, il a collaboré à « La République », « Algérie-Presse-Service », «El Moudjahid», «Algérie Actualité», «Le Matin», «Ruptures», «Le Monde Diplomatique», «Les Temps Modernes», «Machrek-Maghreb», «Qantara », «France Culture»...

Abdelkader Djemaï vit en France depuis 1993. Il participe à des animations et ateliers dans les établissements scolaires de Mâcon (dans le cadre du « Temps des Livres »), de Limoges, de Nancy, de Paris..., et à l'étranger. Il collabore également auprès du Centre National du Livre pour les ateliers d'écriture « L'Ami littéraire ».

Il reçoit le Prix Découverte Albert Camus, ainsi que le Prix Tropiques pour Un été de cendres. Il a aussi été nommé chevalier des Arts et des Lettres.

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