Quand tu écouteras cette chanson

 

C’est en s’imprégnant, seule dans un lieu chargé d’histoire, et portant la marque d’une adolescente dont le témoignage a bouleversé des millions de semblables en racontant de manière simple et émouvante ses émois de jeune fille, et sa condition de juive traquée.

Certes il est beaucoup question d’Anne Franck dans ce recueil ; de son œuvre méconnue, de son père rescapé qui n’a eu de cesse de défendre la mémoire de sa fille en publiant ce journal, de son exploitation artistique pas toujours du meilleur effet.

Lola Lafon, seule parmi le fantôme d’Anne fait vivre ses propres fantômes ; elle nous parle de sa famille, juive d’Europe centrale exilée, puis transie de peur en France, de ses disparus, des absents.

" La mort violente m’était peut-être trop familière, j’emploie ce mot au sens le plus commun : la mise à mort faisait aussi partie de ma famille."

Enfin, Lola Lafon s’interroge naturellement sur les raisons qui l’ont menées à l’écriture, elle qui déambule où fût écrit et retrouvé l’œuvre D’Anne Franck

"Peut-être commence-t-on à écrire pour faire suite à ce qu’on a perdu, pour inventer une suite à ce qui n’est plus."

Je ne pensais pas être embarquée aussi pleinement par ce recueil, et pourtant je l’ai trouvé émouvant, pudique et d’une grande finesse. Sans en faire des tonnes elle redonne vie à Anne Franck et à travers elle à celles et ceux fauchés par la Shoah. J’ai beaucoup aimé l’hommage appuyé à sa grand-mère qui par son parcours semé d’embuches et de courage lui a inspiré cette nuit d’inspiration au musée d’Anne Franck.

Quand tu écouteras cette chanson, de Lola Lafon, aux éditions Stock (Août 2022,250 pages)

Lola Lafon est une chanteuse et romancière née en 1974.

D’origine franco-russo-polonaise, élevée à Sofia, Bucarest et Paris, elle s’est d’abord consacrée à la danse avant de se tourner vers l’écriture.

Après des publications dans des fanzines et des revues alternatives, elle a été repérée par des revues littéraires ( la N.R.V, entre autres, qui a publié ses premières nouvelles de 1998 à 2000.)

Ses trois premiers romans sont parus chez Flammarion: "Une fièvre impossible à négocier" (traduit en espagnol et en italien et lauréat du "Prix A tout lire"), "De ça je me console" et "Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s’annonce" (Prix Coup de Cœur de la 25ème heure au salon du Livre du Mans et finaliste du Prix Marie-Claire).

Politiquement engagée dans plusieurs collectifs anarchistes, antifascistes et féministes, Lola Lafon s’est parfois exprimée dans certains quotidiens et a publié deux fois dans la N.R.F, dont un article dans le numéro spécial "Où en est le féminisme".

Lola Lafon est également chanteuse. Un premier album "Grandir à l’envers de rien" est sorti en 2006 chez Label Bleu/Harmonia Mundi et le deuxième, "Une vie de voleuse" en 2011 chez Harmonia Mundi.

Son livre "La petite communiste qui ne souriait jamais", publié en janvier 2014, obtient un franc succès et a obtenu le Prix de la Closerie des Lilas 2014, le Prix Ouest-France Étonnants-Voyageurs 2014, le Grand prix de l'héroïne Madame Figaro 2014, le Prix Jules Rimet, le Prix Version Fémina-FNAC, le Prix du Café littéraire de Sainte-Cécile-les-Vignes (PRIX CALIBO) 2014 ainsi que trois prix des lecteurs dans divers salons du livre.