Le Valais Suisse, ses sommets, ses alpages, la beauté éclatante des lieux parfaits pour le repos…. Pour Jeanne, le Valais a le goût de la violence, de la soumission, du silence… Tout se sait, mais personne ne dit rien ; pas même le médecin de famille venu examiner Jeanne battue sévèrement par son père pour un mot de trop.
Jeanne vit avec sa sœur et ses parents dans une quasi autarcie. Seul le père en sort pour aller travailler, et surtout boire. La mère, vit dans la peur de l’homme, compte les dépenses au sou près. Mère et filles sont soudées, s’aident, sa cachent pour lire les petits romans d’amour glanés et échangés ici ou là et qui leur procurent l’évasion indispensable à cette vie misérable et violente.
‶Notre misère familiale venait d’ailleurs. Dans les agissements violents et l’inculture paternels, dans l’obscénité verbale, dans la fermeture d’esprit. ″
C’est par les études que Jeanne va s’enfuir, pour survivre, pour quitter cette famille toxique.
‶Je reprends mon souffle dans cette ville que j’ai aimée au premier élan. Je repousse ma famille dans les recoins de ma tête et de ma vie. ‶
Et pourtant, tut la ramène dans ce lieu maudit ; le suicide d’Emma, le décès de la mère, la déchéance du père.
Les premières ligne de ce premier roman annoncent la couleur. La lecture n’aura rien de tranquille. Tout n’est que colère, lutte, et esquive.
Cette jeune femme, qui est la narratrice, s’exprime à l’économie. Ses mots sont âpres, choisis avec soin. La prose ne s’encombre pas du superflu ; elle va droit au but ; Ces deux cent pages, sans le moindre gras, se lisent en apnée. Elles disent la détresse d’une femme à qui on n’a pas donné une place, qui n’a pas été aimée, et qui en retour ne sait pas aimer, peine à se construire, à se définir ; une femme habitée dès son plus jeune âge par la peur.
Je découvre ce que mes parents auraient dû me donner : une identité. A mienne, je l’ai créée, pleine de haine et de pourriture.
Véritable claque de cette rentrée littéraire, ce roman s’est vu attribué à juste titre le prix du Roman Fnac. Le sujet n’est pas nouveau, mais superbement écrit !
Lu en simultané avec Cassiopée
Sa préférée de Sarah Jollien-Fardel, aux éditions Sabine Wespieser (Août 2022, 200 pages)
Sarah Jollien-Fardel est une écrivaine suisse née en 1971.
Elle a grandi dans un village du district d’Hérens, en Valais. Elle a vécu plusieurs années à Lausanne, avant de se réinstaller dans son canton d’origine avec son mari et ses deux fils. Devenue journaliste à plus de trente ans, elle a écrit pour bon nombre de titres. Elle est aujourd’hui rédactrice en chef du magazine de libraires Aimer lire.
Sarah Jollien-Fardel reçoit le Prix du Roman Fnac pour "Sa préférée".
Découvert et lu grâce à dasola. Un roman plutôt désespérant...
RépondreSupprimer(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
Rebonsoir Mimi, j'ai été agréablement surprise par ce premier roman qui se lit vite. Il a bien mérité son prix du roman Fnac. Même certains détenus dans les prisons françaises l'ont choisi... Bonne soirée.
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