Surtout, ne vous laissez pas impressionner par l’épaisseur de l’ouvrage, entre 1000 et 1200 pages selon le format du livre, car on s’y installe bien confortablement, les narines chatouillées tout au long du récit par les douces volutes du chocolat chaud (seuls les lecteurs comprendront…)
Nino Haratischwili, géorgienne, nous entraine dans une saga familiale, mettant en scène 8 personnages.
Après un bref prologue durant lequel Niza se lance à la recherche de Brilka, sa nièce qui vient de fuir son pays, et par la même occasion la malédiction qui semble peser sur la famille depuis un siècle, L’auteur nous projette au début du siècle, alors que la Géorgie était encore un pays indépendant, et s’apprêtait à subir les appétits de son voisin russe gagné par la fièvre révolutionnaire et la tyrannie bolchévique.
De Stasia, l’arrière-arrière-grand-mère de Brilka, à Brilka, dont l’histoire reste à écrire, nous assistons aux soubresauts de ce siècle, et tout particulièrement focalisés sur l’URSS et de conquêtes territoriales. L’auteur nous montre sous un angle un peu différent (Staline, le sanguinaire était géorgien), l’aspect peu ragoutant du régime soviétique : les purges, l’endoctrinement, les déportations, les exterminations de masse. Elle nous montre une société qui faisait peu de place aux femmes, l’asservissement, les désillusions qu’ont engendrées le socialisme, et la désintégration du bloc de l’est.
Tout ce que j’aime était réuni dans ce roman : l’histoire avec un grand H, et le destin parfaitement décrit d’une famille aux relations et enjeux complexes.
J’ai trouvé les portraits féminins particulièrement réussis et attachants.
Nino Haratischwili a su trouver le style idéal pour ce roman foisonnant sans être assommant, fluide à lire et intéressant d’un bout à l’autre.
La huitième vie de Nino Haratischwili, traduit de l’allemand par Barbara Fontaine et Monique Rival, aux éditions Piranha (Janvier 2017, 960 pages) et chez Folio (Août 2021, 1200 pages).
Née en 1983 à Tbilissi en Géorgie, Nino Haratischwili s’est installée en Allemagne en 2003 où elle s’est d’abord fait connaître comme auteur dramatique et metteur en scène. Son troisième roman, La Huitième Vie (pour Brilka), pour lequel elle a reçu le prix Anna Seghers et le Literaturpreis des Kulturkreises der deutschen Wirtschaft, a été unanimement salué par la critique. Elle vit actuellement à Hambourg.
Je ne connais pas mais ça a tout pour me plaire. C'est une Géorgienne qui écrit en allemand alors?
RépondreSupprimerTout d'abord félicitations pour cette longue lecture et merci pour ta participation aux Feuilles Allemandes ! Tous les avis que j'ai lus sur ce livre vont dans le même sens, ton enthousiasme fait vraiment plaisir !
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