jeudi 22 décembre 2022

La cause des femmes

Gisèle Halimi a fait de la défense des femmes le fil conducteur de sa vie. Cet engagement a pour origine son enfance tunisienne, au sein d’une famille traditionnelle qui n’investissait que sur les garçons, laissant aux filles les tâches subalternes, dont ils négligeaient volontairement l’éducation.

C’était sans compter sur le caractère de Gisèle bien décidée à embrasser des études puis une carrière d’avocate à une époque où cela n’allait pas de soi pour les femmes.

Gisèle Halimi, en rappelant brièvement son enfance (elle le fera plus spécifiquement dans le lait de l’oranger), expose ses engagements féministes, que ce soit dans ses choix d’avocate, et une d’association féministe Choisir fer de lance de ce qui sera Son combat : l’abrogation de l’article 317 du code pénal, à savoir celui relatif à la lourde condamnation de l’avortement en France.

Elle a ainsi contribué à l’aboutissement des lois Veil, en prenant la défense, bien en amont des femmes, et en particulier lors du célèbre procès de Bobigny.

Gisèle Halimi se veut féministe, et le démontre avec force, détermination, et surtout beaucoup d’intelligence. Elle reste en retrait d’un féminisme radical qui veut écraser l’homme. Bien qu’enrichi, l’ouvrage est ancien, et reste donc ancré dans des problématiques qui ont changé, et/ou qui ont émergé depuis.

Il n’en reste pas moins un ouvrage de qualité, intéressant, et important. Il montre que le féminisme ne passe pas obligatoirement par la radicalité, la violence.

La cause des femmes de Gisèle Halimi, aux éditions Grasset (1973), puis chez Folio (1992, et 2020 pour une édition revue et augmentée)


Gisèle Halimi, née Zeiza Gisèle Élise Taïeb, est une avocate, militante féministe et femme politique tunisienne naturalisée française.

Née de parents juifs, elle a été mariée, en premières noces, avec Paul Halimi puis, en secondes noces, avec Claude Faux, ancien secrétaire de Jean-Paul Sartre dont elle a été l'amie et l'avocate. Elle a eu trois fils dont le journaliste Serge Halimi (1955).

Elle entre au barreau de Tunis en 1949 et poursuit sa carrière d'avocate à Paris en 1956.

Fortement engagée dans plusieurs causes, elle milite pour l'indépendance de l'Algérie, dénonce les tortures pratiquées par l'armée française et défend les militants du MNA (mouvement national algérien) poursuivis par la justice française. Dans le même esprit, elle préside une commission d'enquête sur les crimes de guerres américains au Viêt Nam.

Féministe, Halimi est signataire en 1971 du Manifeste des 343, parmi 343 femmes qui déclarent avoir avorté et réclament le libre accès aux moyens anticonceptionnels et l'avortement libre.

Aux côtés de Simone de Beauvoir, elle fonde en 1971 le mouvement féministe Choisir la cause des femmes et milite en faveur de la dépénalisation de l'avortement. 

Au procès de Bobigny en 1972, qui eut un retentissement considérable, elle défend une mineure qui s'était fait avorter après un viol, en faisant une tribune contre la loi de 1920. Ce procès a contribué à l'évolution vers la loi Veil de 1975 sur l'interruption volontaire de grossesse. 

Élue à l'Assemblée nationale de 1981 à 1984 elle constate avec amertume que ses projets n'avancent pas autant qu'elle le souhaiterait et elle dénonce un bastion de la misogynie. Son amendement instaurant un quota pour les femmes aux élections a pourtant été voté à la "quasi-unanimité" par les députés, en 1982. La mise en échec de cet amendement revient au conseil constitutionnel qui le considéra comme une entrave à la liberté du suffrage et à la libre expression de la souveraineté nationale. Bien que nommée par lui ambassadrice de la France auprès de l'UNESCO, d'avril 1985 à septembre 1986, elle se déclare déçue devant un Mitterrand qu'elle juge machiavélique. Elle rejoint Jean-Pierre Chevènement à l'occasion des élections européennes de 1994 (elle figure en seconde position sur la liste du MDC). Gisèle Halimi est également une des fondatrices de l'association altermondialiste ATTAC. 

Pour la promotion de Pâques 2006, Gisèle Halimi est promue au grade d'officier de la légion d'honneur.

Elle est décédée en Juillet 2020.

 

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