mercredi 28 décembre 2022

Zouleikha ouvre les yeux

 


Nous sommes dans les années 30, en Union Soviétique stalinienne, et plus précisément au Tatarstan terre de paysannerie, pauvre, désolée.

Zouleikha est une pauvre femme malmenée par son marie, martyrisée par sa belle-mère, endeuillée par la perte de ses quatre filles à peine nées, et surtout une femme très digne qui accepte sans broncher son triste sort ; quand on y regarde de loin, en tout cas.

C’est l’époque où la dictature stalinienne s’en prend violemment à la paysannerie, injustement accusée d’avoir conservé sa richesse de l’époque tsariste. En réalité, les koulaks sont des boucs émissaires qu’il faut mater, spolier et anéantir. Ainsi seront déportés en Sibérie nombre de cas paysans, en vue de la collectivisation des terres ainsi libérées.

Tel est l’objet de ce premier roman, inspiré de la vie de son arrière-grand-mère. Zouleikha, après l’assassinat de son mari, est embarquée avec d’autres dans un long périple devant les mener en Sibérie au bord du fleuve Angara. Zouleikha, au fil de ce périlleux, et douloureux voyage fait preuve d’une force et d’une résilience inouïes. Luttant contre sa culture musulmane, elle parvient à ouvrir son cœur, à aimer à nouveau, et surtout à enfanter, elle qui jusque- là n’y parvenait pas.

Gazel Iakhina dresse un magnifique et touchant portrait de femme Elle raconte dans un style à la fois exigeant et assez cinématographique une part très sombre de l’histoire soviétique, celle de la déportation intérieure orchestrée par le petit père des peuples. La violence, les persécutions, les exécutions, l’absurdité de la bureaucratie, le Goulag… rien ne manque dans ce roman à la fois long, passionnant et prenant.

Une très belle découverte qui me donne envie d’aller plus loin avec l’auteur, et la littérature russe en général !

Zouleikha ouvre les yeux de Gouzel Iakhina, traduit du russe par Maud Mabillard aux éditions Noir sur blanc (Août 2017, 465 pages), et Libretto (Aout 2021,555 pages)

 

Gouzel Iakhina est née en 1977 à Kazan, au Tatarstan (Russie). Elle a étudié l’anglais et l’allemand à l’université de Kazan, puis a suivi une école de cinéma à Moscou, se spécialisant dans l’écriture de scénarios. Elle a publié dans plusieurs revues littéraires, comme Neva ou Oktiabr. Zouleïkha ouvre les yeux est son premier roman. Elle vit aujourd’hui à Moscou, avec son mari et sa fille.

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