jeudi 22 juin 2023

Pays de sang- Une histoire de la violence par armes à feu aux Etats-Unis


Mettez une arme à feu dans les mains d’un maniaque, et tout peut arriver. Nous le savons tous, mais quand le maniaque en question, à l’air d’un type ordinaire, à la tête froide, qui ne semble pas avoir de compte à régler avec le monde ni ne lui vouer aucune rancune, que faut-il en penser et comment agir ? A ma connaissance, nul n’a jamais fourni de réponse satisfaisante.

Les États-Unis est le pays le plus violent du monde. Le nombre de morts par armes à feu est effrayant, tout comme le nombre d’armes légalement en circulation. Il n’est pas une semaine sans qu’en Europe on entende parler d’une tuerie dans un lieu public, un quartier…

Pour nous, européens, tout cela est incompréhensible. Aux USA, posséder une arme est un droit rigoureusement protégé par la constitution dans son deuxième amendement qui reconnaît la possibilité pour le peuple américain de constituer une milice (« bien organisée ») pour contribuer « à la sécurité d'un État libre », et il garantit en conséquence à tout citoyen américain le droit de détenir des armes.

Droit fondamental redoutablement défendu par de puissantes associations, véritable lobbys, des armes, dont la NRA contre laquelle, il faut le reconnaitre aucune administration n’a réussi à s’imposer (pour les démocrates, en tout cas).

Paul Auster ne cache pas son opinion là-dessus. S’il est un fervent défenseur des libertés au sens étasunien du terme, il n’en reste pas favorable à une plus grande régulation de ce droit, à davantage de contrôle, de réflexion… Il ne peut se résoudre à ces statistiques mortifères, à cette jeunesse foudroyée parce que présente au mauvais moment, au mauvais endroit, à ces dérangés et/ou extrémistes pouvant s’acheter une arme à feu avec autant de facilité que celle d’acquérir une savonnette.

Accompagné du photographe Spencer Ostrader, Paul Auster essaie de répondre à la question obsédante de la violence dans son pays.

Court, mais percutant, cet essai tente dans un premier temps d’expliquer l’aversion de l’auteur pour les armes à feu, les raisons personnelles et intimes pour lesquelles il n’en a jamais possédé.

Ensuite, il remonte l’histoire de son pays, et en particulier les conditions particulières de sa création pour expliquer la mentalité profonde de l’américain, et de son rapport aux armes à feu. Il montre ainsi que malgré l’urgence de la situation, un retour en arrière est quasiment impossible.

A l’aide d’exemple, de tueries de masse, étayés par des photographies noir & blanc des lieux, Paul Auster tente de dresser le portrait type du tueur de masse ; une sorte de Monsieur tout le monde que personne n’a vu venir.

C’est glaçant tant par les faits, par le sentiment d’échec inéluctable que cela inspire, que par la résignation qui semble l’emporter !

Pays de sang de Paul Auster, traduit de l’américain par Anne-Laure Tissut, aux éditions Actes Sud (Février 2023, 210 pages).

Paul Auster est un écrivain américain né en 1947.

Paul Auster écrit des articles pour des revues, débute les premières versions du "Voyage d'Anna Blume" et de "Moon Palace", travaille sur un pétrolier, revient en France pour un séjour de trois ans (1971-1974) où il vit de ses traductions (Mallarmé, Sartre, Simenon), et écrit des poèmes et des pièces de théâtre en un acte. Il publie un roman policier sous le pseudonyme de Paul Benjamin ("Fausse balle").

Son premier ouvrage majeur est une autobiographie "L'Invention de la solitude", écrite après la mort de son père.

De 1986 (sortie de "Cité de verre" ; premier volume de la "Trilogie new-yorkaise") à 1994 ("Mr. Vertigo"), il publie des romans majeurs comme "Moon Palace" et "Léviathan" (Prix Médicis étranger). Il revient alors au cinéma, en adaptant avec le réalisateur Wayne Wang sa nouvelle "Le Noël d'Auggie Wren". Smoke et Brooklyn Boogie sortent en salle en 1995. Paul Auster réalisera lui-même Lulu on the Bridge (1997).

Il revient au roman avec "Tombouctou" (1999), "Le Livre des illusions" (2002), "La Nuit de l'oracle" (2004) et "Brooklyn Follies" (2005).

Marié puis séparé de l'écrivain Lydia Davis, il s'est remarié en 1981 avec une autre romancière, Siri Hustvedt. Il a deux enfants également artistes, le photographe Daniel Auster et la chanteuse Sophie Auster.

Il est considéré comme une figure centrale de la scène culturelle new-yorkaise et une référence de la littérature postmoderne. En 2006, il reçoit le Prix Prince des Asturies pour l'ensemble de son oeuvre et devient Commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres en 2007.

Paul Auster a réalisé un marathon d'écriture de plus de trois années consacrées à la rédaction d'un roman de 925 pages, « le plus volumineux de sa vie ». Six ans après la sortie de sa dernière fiction, "Sunset Park", "4 3 2 1" paraît au début de 2017.

 

1 commentaire:

  1. je ne crois pas à une solution miracle, j'ai une fille qui vit et enseigne aux USA depuis maintenant 8 ans quand elle enseignait en collège elle a eu des élèves de moins de 14 ans qui se sont vus offrir une arme pour leur anniversaire, pour les filles une arme rose avec paillettes !!!! c'est effrayant ahurissant
    je lirai à l'occasion l'essai d'Auster mais je ne crois absolument pas à une solution si l'on gratte un peu on s'aperçoit que mêmes les gens anti armes dans les écoles ne sont pas prêts à supprimer le droit de port d'armes pour chacun !!! sidérant

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