Edith se sait condamnée, elle ne veut pas offrir à son mari et ses enfants l’image de sa déchéance. Ella a choisi la date et l’heure du grand départ. C’est ensemble qu’ils se rendent en Suisse, le jour J pour ce qu’il est convenu d’appeler l’aide à mourir.
Carole Fives alterne le point de vue des quatre enfants et de Simon, le mari, ceux qui restent. Chacun retrace sa vie, son rapport à la mort, sa relation avec Edith. De sa maladie, et de son choix de mourir, il en sera très peu parlé directement. Chacun préfère finalement se rappeler ce qui les a unis à Edith, ou faire part de son ressenti du moment lors du trajet. Chacun y expurge ses colères, ses non- dits, ses réticences de professionnel de santé qu’ils sont pour beaucoup d’entre eux.
‶Être médecin, c’est surtout apprendre à connaitre le vivant. La mort entre dans la normalité du vivant au même titre que la vie. La mort c’est la vie. Il faut l’accepter pour mieux vivre.
Et si soigner, c’était aussi apprendre à mourir ? ″
Ce court roman est d’une grande douceur, d’une infinie tendresse. Ce n’est pas plus un plaidoyer pour le suicide assisté, qu’une opposition. Certains pays l’ont adopté, c’est un fait. Beaucoup de français y ont recours en Suisse ou en Belgique faute d’obtenir des réponses personnalisées à leur cas et en accord avec leurs intimes convictions. Ce fût le choix d’Edith ; un choix respecté par sa famille, un choix assumé en pleine conscience, en y mettant autant que faire se peut, toute la ″joie‶ possible dans les derniers moments passés ensemble.
Ce court et puissant roman nous ramène, nous lecteur à notre condition de mortel, de d’éventuel candidat à ce choix, ou d’accompagnant ; il nous confronte à nos peurs, et surtout à cet interdit toujours en vigueur chez nous ; interdit que notre société moderne et sécularisée souhaiterait assouplir à l’image de ce qui se fait ailleurs….
″C’est ce qu’elle a fait quand elle a décidé de mourir, elle a assumé sa liberté. Ce n’est pas un acte à la sauvette d’aller en Suisse, non ce n’est pas un acte de désespoir, c’était un choix d’une femme forte.‶
Le jour et l’heure de Carole Fives aux éditions JC Lattès (Août 2023,144 pages)
Carole Fives est une écrivaine, chroniqueuse d’art et plasticienne.
Après une licence de philosophie à l'Université de Toulouse et un master d'arts plastiques, elle obtient le diplôme national supérieur d'expression plastique (DNSEP) des Beaux-arts de Paris.
Elle a commencé à écrire pour expliquer son travail de peintre et depuis elle n’a plus arrêté.
Son premier livre "Quand nous serons heureux" (2010), publié aux éditions Le Passage, est un recueil de nouvelles dans lequel elle dissèque les travers d’une société en quête de modèles. Elle a reçu le Prix Technikart 2009, présidé par Alain Mabanckou.
En 2012, elle fait paraître son premier roman "Que nos vies aient l’air d’un film parfait", aux éditions Le Passage dans lequel elle évoque avec justesse le sujet délicat du divorce et de la fratrie désunie.
En 2013, Carole Fives obtient une résidence dans le New Hampshire aux États-Unis, et achève l’écriture de son roman "C’est dimanche et je n’y suis pour rien", aux éditions Gallimard, 2015.
Fine portraitiste de la famille contemporaine, elle publie "Tenir jusqu'à l'aube" en 2018.
Après des passages par Paris, Bruxelles et Lille, Carole Fives vit désormais à Lyon où elle partage son temps entre les arts plastiques et la littérature.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire