vendredi 19 janvier 2024

La crue

 

Rachel, Clayborne, la trentaine et universitaire ne sait plus trop où elle en est. Elle vient d’avoir une petite fille, et semble un peu dépassée par sa maternité et son mariage avec Mickael. Ils habitent et travaillent dans l’Illinois. Un soir, elle apprend par son père que Mamie est bien malade, et surtout qu’elle s’apprête à léguer à son auxiliaire la ferme du Wisconsin qu’elle occupe et qui est située à la lisière d’une réserve d’une tribu amérindienne des Ojibwe.

Sur un coup de tête, Rachel prend la route durant la nuit pour se rendre sur place. La famille Clayborne n’a pas toujours été propriétaire des lieux. C’est ce que l’on va apprendre au cours de ce récit lors d’un flashback d’une vingtaine d’années montrant les années d’apprentissages de Rachel, ses rapports avec la famille de Diane, son auxiliaire, et en particulier le fils de cette dernière Joe, avec lequel elle a vécu une histoire inachevée, dont elle porte encore les stigmates.

Rachel est une scientifique, orientée vers l’écologie, et la préservation des espèces animales. Elle a passé sa vie à combattre la destruction des espaces naturels, notamment lors de la construction de barrages hydroélectriques. Sa famille est à l’origine de celui tout proche de la ferme, et des bouleversements subits par la famille de Diane.

La crue est donc, évidemment un roman dans la pure tradition nature writting mais pas que ! Plaidoyer féministe, il campe une femme en plein conflit intime et familial, et bien décidée à faire le point avec elle-même, son passé pour mieux envisager son avenir. Doit-elle se battre pour conserver cette ferme, berceau de son enfance, ou accepter de la restituer aux Bishop ?

Ce roman est également un retour aux sources, une réappropriation des rites funéraires et familiaux ; un éloignement de la vie urbaine, un réagencement du rapport au temps, à l’enfance, et à la nature.

Enfin, la Crue s’intéresse de près à la question amérindienne, à ce que ces gens ont dû sacrifier, et abandonner au nom du progrès, et d’une croissance économique dont ils n’ont que trop peu vu la couleur. Joe, en est le parfait exemple. Il est le gardien du temple, le gardien d’un monde perdu, près à tout pour préserver ce qui peut encore l’être.

J’ai beaucoup aimé ce roman qui nécessite que l’on prenne son temps pour en apprécier toutes les richesses, pour profiter pleinement de de la nature et son évocation au rythme des saisons, et de la magnifique traduction de Brice Matthieussent .

La crue d’Amy Hassinger, traduit de l’américain par Brice Matthieussent, aux éditions Rue de l’échiquier (Avril 2019, 480 pages), et chez J’ai lu (Septembre 2022,544 pages)

Amy Hassinger est romancière et universitaire née en 1972. Auteure reconnue aux États-Unis, traduite dans de très nombreuses langues (espagnol, portugais, néerlandais, etc.), Amy Hassinger collabore régulièrement avec le New York Times et le Los Angeles Review of Books. Elle enseigne le « creative writing » à l’université de l’Illinois et à l’université du Nebraska.

1 commentaire:

  1. Merci pour ce billet ; ce livre est une découverte pour moi. Eva et moi avions lu l'an dernier avec beaucoup de plaisir "Anni Kytömäki - Gorge d'Or" et "Madeleine Watts - Triple zéro" qui sont également dans cette ligne éditorial.

    RépondreSupprimer