dimanche 30 juin 2024

Le roitelet

 


Surtout, prendre son temps ! Jean-François Beauchemin nous fait vite comprendre qu’il faudra davantage être gourmet que gourmand pour en apprécier toute la poésie et la profondeur.

C’est l’histoire d’un homme paisible, un écrivain, au soir de son existence. Entouré de son épouse, du chien Pablo et du chat Lennon, il laisse aller ses pensées, relate son quotidien, et surtout sa relation avec un frère schizophrène qui régulièrement s’invite dans son foyer.

Avec une infinie pudeur, le narrateur décrite au fil des soixante chapitres la complexité de leur relation confraternelle.

Il ne se passe rien dans ce court roman ; tout est en sensation, en ressenti et en nuance. Les silences entre les personnages en disent davantage que leurs paroles.

Jean-François Beauchemin prend le pari du minimalisme pour décortiquer ses personnages et leur donner vie ; il fait le choix du désordre, comme celui qui règne dans l’esprit de ce frère tant aimé, et dont la pathologie le déroute et l’angoisse. Mais lorsqu’il est avec lui, il cherche à l’apaiser à chaque instant. Jamais il ne cherche l’affrontement.

Jean-François Beauchemin nous parle avec pudeur et tendresse de la vieillesse, de la différence, de la place de chacun dans ce monde, de nature source de paix intérieure.

Si ce ne fut pas un coup de cœur, le texte m’a néanmoins touché pour un tas de raisons, la plupart trop difficiles à formuler clairement pour être énoncées.

Lisez-le !

Le roitelet de Jean-François Beauchemin, aux éditions Québec Amérique (Janvier 2023, 145 pages), et Folio (Janvier 2024, 192 pages).

 Jean-François Beauchemin est un écrivain québécois né en 1960.

Tour à tour rédacteur, concepteur et réalisateur à la Société Radio-Canada, il publie une dizaine de romans.

Il est le quatrième d’une famille de six enfants. Son père est aimant, chante dans des chorales, mais parle peu. En plus de son travail habituel de jour, il est projectionniste.

Sa mère, quant à elle, lui transmet sa capacité à contempler la nature et le ciel et à y voir toute la beauté.

Diplômé de l’Université de Montréal en Études françaises, Jean-François Beauchemin travaille pendant une dizaine d’années comme réalisateur à la radio de Radio-Canada.

En 1998, il publie son premier roman, Comme enfant je suis cuit, s'inspirant de l'émouvante profondeur de l'enfance. C'est dans la même lignée qu'il écrit par la suite Garage Molinari et Les Choses terrestres.

Il s'adresse également aux adolescents avec la parution en 2001 de son premier roman jeunesse, Mon père est une chaise.

Le Petit Pont de la Louve, son quatrième roman pour adultes, met en scène Mathilde, une jeune fille qui tente d'apprivoiser sa laideur.

En 2004, une grave maladie l'entraîne à quitter Radio-Canada. Il se consacre dès lors à l'écriture à temps plein.

Avec "La fabrication de l'aube", qui relate l'expérience de sa maladie, il entame une trilogie consacrée à la beauté tragique du monde.

En 2005, son roman "Le Jour des corneilles" connaît un énorme succès, tant au Québec qu'en France, et est récompensé par le Prix France-Québec.

Le roman a inspiré le film d'animation du même nom "Le Jour des corneilles", réalisé par Jean-Christophe Dessaint en 2012.

En 2007, il publie son premier ouvrage de poésie, "Quand les pierres se mirent à rêver", une réflexion sur la solitude.

Il vit dans les Laurentides au Québec

1 commentaire:

  1. Je l'avais déjà noté, puis complètement oublié, merci pour ce rappel !

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