vendredi 25 octobre 2024

Badjens

 

L’effrontée, l’espiègle en iranien…

 J’ai eu un peu de mal à classer cet opus. Roman, reportage ? Difficile de faire la part des choses, parce que justement le style est très journalistique, un peu trop pour moi.

Pourtant, l’ouvrage a des atouts. D’abord, celui de l’actualité ; ces jeunes filles iraniennes qui n’en peuvent plus de ce bout de tissus qui les emprisonne, et les réduit au rôle de génitrice, et de fantômes.

Sur le fond, l’histoire est intéressante, et nécessaire. Elle montre le réveil de la jeunesse féminine iranienne, qui veut par tous les moyens combattre l’obscurantisme des dirigeants, s’opposer à une société où tout n’est que mensonges, et hypocrisie.

Tout part de la mort d’une jeune fille pour un foulard mal ajusté.

Notre personnage principal sait depuis son plus jeune âge que sa qualité de fille fait d’elle un être secondaire, qui compte pour moitié ; elle est négligée par rapport aux garçons. Son frère jouit de toutes les attentions, alors qu’elle doit juste se taire. Elle se sait condamnée à taire les outrages si elle ne veut pas se condamner à l’infamie.  Seule sa mère, en silence, pas trop fort, l’aide à s’émanciper, et lui fait gouter aux délices de la féminité.

Badjens c’est l’histoire dune ado qui n’hésite pas à monter sur une poubelle, dans une ville en pleine révolte, pour brûler le foulard dont elle ne veut pas !

Puisse cet opus être lu par toutes les collégiennes de France, et surtout celles endoctrinées au pays de la laïcité, prétendant faire le choix de s’enfermer. Qu’elles sachent que pas très loin de là, leurs sœurs Iraniennes et Afghanes luttent au quotidien pour exister !

Ouvrage sélectionné pour le Prix Landerneau des lecteurs 2024

Badjens de Delphine Minoui aux éditions Seuil (Août 2024, 160 pages)

Delphine Minoui est une journaliste française, spécialisée dans le monde iranien, et auteure française.

De mère française et de père iranien, major de promotion du CELSA (section journalisme) en 1997, elle est diplômée de l'EHESS en 1999.

Elle s'installe à Téhéran, en Iran, pour exercer sa profession. Correspondante pour France Inter et France Info dès 1999, elle collabore à partir de 2002 avec Le Figaro.

Grand-reporter, correspondante du Figaro au Moyen-Orient, elle a notamment suivi l'après-11 septembre en Afghanistan, l'invasion américaine en Irak et la montée de la crise nucléaire iranienne. Elle a également réalisé et collaboré à plusieurs documentaires.

Après avoir été basée pendant dix ans à Téhéran, puis à Beyrouth et au Caire, elle est correspondante à Istanbul.

En 2006, Delphine Minoui a été la lauréate du prix Albert Londres pour une série d'articles sur l'Irak et l'Iran.

Elle a écrit sur Nojoud Ali, la première petite fille à avoir obtenu le divorce au Yémen, "Moi Nojoud, 10 ans, divorcée" (2009).

"Je vous écris de Téhéran" (2015), qui retrace son histoire familiale et son parcours pendant dix ans en Iran, reçoit le prix du club de femmes "Ailleurs" 2016.

Elle est également à l'origine de "naruto" la fameuse histoire, racontant l'histoire d'un mendiant écrivant des livres durant la guerre en Syrie pour s'en sortir de sa famine.

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