mardi 16 août 2011

Une saison blanche et sèche


Ben D Toit, un professeur d’histoire afrikaner, découvre les réalités de son pays et de l’apartheid quand Gordon, le jardinier noir de son école, et son fils sont arrêtés et meurent en prison.
Prix Médicis étranger 1980, Une saison blanche et sèche est le quatrième roman d’André Brink. Interdit dès sa publication en Afrique du Sud, il fut traduit dans une dizaine de langues. Écrit dans un style somptueux, riche de couleurs et d’image c’est l’œuvre la plus significative, la plus engagée, la plus achevée, d’un très grand romancier.
Ce livre est sur l’étagère depuis un an, prévu à l’origine pour une lecture commune vers l’Afrique du sud. Au dernier moment je lui avais préféré l’odeur des pommes de Mark Behr (lecture très appréciée, et dont je me souviens encore bien), sans trop savoir pourquoi d’ailleurs, et jusqu’à maintenant avec une occasion de lui faire prendre l’air, rien n’avait dirigé ma main vers ce livre……comme c’est bizarre.
Comment d’un sujet aussi grave et douloureux, l’auteur a-t-il pu faire un livre aussi insipide, et bâtir une histoire d’une banalité déconcertante. Le sujet aurait, pourtant pu donner une œuvre grandiose .Hélas, ce livre m’a laissée de marbre : pas une émotion n’est venue chatouiller mon âme de lectrice ; rien, une neutralité affligeante.
Certes, c’est écrit correctement, André Brink n’est pas un " un mauvais rédacteur". C’est juste que le style de ce livre, n’ait rien d’ambitieux, rien de particulier qui fait que ce livre interpelle, dans un sens ou dans un autre. J’ai en mémoire, le style, et l’écriture de J.M Coetzee, sud-africain également, mais Prix Nobel de Littérature….La voilà l’explication : à force de lire des bonnes choses, je deviens difficile, exigeante, intransigeante peut-être. Peut-être ai-je un cœur de pierre, qui sait ? Mais en ouvrant un livre, je veux être interpellée, je veux vibrer, je veux tout simplement.Et là, je n'ai rien eu, rien vu, rien senti, rien entendu,même pas voulu connaître la fin. Désintérêt total.
J’ai un souvenir encore vivace, du charme un peu désuet de Pleure Ô pays bien aimé qui a laissé son empreinte.
La construction même de ce roman n’incite pas à ressentir. Le narrateur, n’est pas un personnage partie prenante de l’histoire. Il raconte, de loin, ne prend pas position, se s’implique pas, reste en dehors. De fait, moi, lectrice, je ne me sens pas "prise par la main" par un personnage, qui m’aurait dit " voilà ce que j’ai à te dire, voilà comment je vis les choses, voilà comment je les perçois ".
Cette construction linéaire est sans relief, sans détours, sans petits coins perdus dans lequel s’engouffre le lecteur, pour mieux retrouver la lumière. Un peu comme une allée en forêt, rectiligne, et désespérément  plate ; à force on s’ennuie, on marche en fermant les yeux sans grand danger.
C’est à peu près comme ça que je lis ce livre : je lis, les yeux suivent les mots, mais le cerveau est ailleurs, encore avec le livre précédent, et déjà avec le livre suivant dont j’attends qu’il me secoue davantage.

Je me pose la question du prix obtenu par ce livre, en 1980…est-ce un choix politique, en relation avec ce qui se passait là-bas, pour faire bouger les choses ?
Écrit dans un style somptueux, riche de couleurs et d’image c’est l’œuvre la plus significative, la plus engagée, la plus achevée, d’un très grand romancier. Pour reprendre la note de l’éditeur, je m’insurge contre  le style somptueux et riche en couleur…tout de même n’exagérons rien.

Il semblerait, qu’André Brink, pour ce livre, ne s’y soit pris comme il le fait habituellement dans sa construction littéraire. Pour cela il mérite une seconde chance, quand l’occasion se présentera.
André Brink- Stock(1980)/Le livre de poche(1982)-416 pages

Né en 1935, André Brink enseigne la littérature anglaise à l'Université de Cape Town. Il est l'auteur d'une douzaine de livres parmi lesquels Une Saison blanche et sèche (prix Médicis étranger 1980), Etats d'urgence, Le Vallon du diable, Un turbulent silence.


Challenge la littérature fait son cinéma, proposé par Will  

2 commentaires:

  1. J'ai lu ce livre quand j'étais au lycée. Je ne me souviens plus du contenu, juste que j'avais aimé... Mais c'était peut-être la période, mon état d'esprit à l'époque ;o))

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  2. j avais beaucoup aimé ce livre à sa parution, et j e viens de le relire. Je suis déçue
    et j'ai mis un lien vers ton blog
    Luocine

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