Dans une construction originale, Tahar Ben Jelloun
met successivement en lumière Imane et Amina, mari et femme, évoquant chacun à
leur façon leur mariage et ce qu’il est advenu.
Imane, peintre, et en convalescence consigne sous
forme de journal ses pensées, sa propre vison des faits. Cette partie occupe
environ les deux tiers du roman, avant d’y trouver un droit de réponse d’Anima.
Si le style, et l’écriture, de bon niveau mais sans éclat particulier
cependant, ne m’ont pas paru différents d’un protagoniste à l’autre, c’est la
différence de ton qui est flagrant. J’ai trouvé celui d’Amina nettement plus
sec, et vindicatif, voir violent que celui de son mari, pourtant pas très
tendre. L’importance accordée à l’expression
d’Amina est moindre. Amina, semble avoir dépassé un certain nombre d’écueils,
et semble avoir trouvé les moyens de les contourner.
Au –delà des arguments des uns et des autres,
au-delà des faits, et des personnalités de chacun, c’est plus largement à une réflexion sur l’institution du mariage que
nous pousse Tahar Ben Jelloun. Que signifie le bonheur conjugal ? Le
mariage n’est –il pas un leurre, un rempart crée de toute pièce à l’intérieur
duquel tout, ou presque est possible, servant
à cacher et entretenir l’hypocrisie ?
Si contrairement à toute attente, j’ai lu ce livre
avec beaucoup de facilité, et de rapidité , je crains que ne préfigure un
ouvrage présentant lui aussi beaucoup d’illusions, et qu’il n’en reste hélas
pas grand-chose dans un avenir plus ou moins proche. Le tout m’a semblé un peu
trop caricatural, d’un côté comme de l’autre.
Un livre agréable à lire, donc, , que je ne regrette
pas d’avoir lu, mais pas un grand livre ; en tout cas pas un de ces livres
qu’on a envie de promouvoir en priorité.
Merci à Agathe, et à Lana qui ont bien voulu faire
voyager ce livre jusqu’à moi.
Le bonheur conjugal, Tahar Ben Jelloun
Gallimard (22 Aout 2012)
368 pages
4ème
de couverture :
Casablanca, début des années 2000. Un peintre, au
sommet de sa gloire, se retrouve du jour au lendemain cloué dans un fauteuil
roulant, paralysé par une attaque cérébrale. Sa carrière est brisée et sa vie
brillante, faite d'expositions, de voyages et de liberté, foudroyée.
Muré dans la maladie, il rumine sa défaite, persuadé
que son mariage est responsable de son effondrement. Aussi décide-t-il, pour
échapper à la dépression qui le guette, d'écrire en secret un livre qui
racontera l'enfer de son couple. Un travail d'auto-analyse qui l'aidera à
trouver le courage de se libérer de sa relation perverse et destructrice. Mais
sa femme découvre le manuscrit caché dans un coffre de l'atelier et décide de
livrer sa version des faits, répondant point par point aux accusations de son
mari.
Qu'est-ce que le bonheur conjugal dans une société
où le mariage est une institution? Souvent rien d'autre qu'une façade, une
illusion entretenue par lâcheté ou respect des convenances. C'est ce que
raconte ce roman en confrontant deux versants d'une même histoire.
A
propos de l’auteur :
Tahar Ben Jelloun est né à Fès en 1944. Il a obtenu
le prix Goncourt en 1987 pour La nuit sacrée. De lui, les Éditions Gallimard
ont entre autres récemment publié Sur ma mère (collection blanche, 2008, Folio
n° 4923), Au pays (collection blanche, 2009, Folio n° 5145), Jean Genet,
menteur sublime (collection blanche, 2010), L’étincelle. Révoltes dans les pays
arabes (Hors-série Connaissance, 2011), Par le feu (collection blanche, 2011),
Que la blessure se ferme (collection blanche, 2012).
Un pavé pour le challenge de Marmotte.
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