vendredi 31 août 2012

Les immortelles


« Une ville sans putes est une ville morte. »
Voilà un livre qui claque, qui fouette, et qui redonne un sens à la littérature : ne pas endormir le lecteur, et le pousser dans des racoins pas toujours très reluisants, mais qui parfois ont besoin d’être mis en en lumière pour montrer qu’ils existent.
Sur les trottoirs de Port au Prince, travaillent les immortelles. L’une d’elle , la narratrice, se confie à un écrivain-client , afin de ne pas oublier, la petite, Shakira, jeune prostituée, emportée par le séisme qui ravagea l’île.
« Non je ne veux pas oublier. Il faut que je la raconte cette histoire sur fond de phénomène bref, de jamais vu. Il faut que je te raconte, petite Nina-Shakira à moi. Que je cesse de perdre mon temps à la banalité de la vie. Aux dégâts du tragique. Aux choses qu’on a mis tout une vie à construire et qui disparaissent en moins d’une minute. Dans l’espace d’un cillement. Il faut avancer. » 
Une langue sans retenue, ni tabou qui dit la douleur de ces immortelles, la douleur d’une île martyre, la douleur de ces vies. Une langue belle et ensoleillée.
Des chapitres courts, une langue sèche, des phrases lapidaires, qui marquent l’urgence de dire, et de ne pas oublier.
L’auteur, se glisse au millimètre  près dans le costume de la putain de Port au Prince pour mieux restituer ces vies à la fois subies et choisies à la fois, ces vies qui font mal , ces vies qui bousculent , ces vies faites aussi de joies et de littérature.
Un livre qui se lit d’une traite, presque à s’en couper le souffle.
 
Les immortelles, Makenzy Orcel
Editions Zulma (23 Août 2012)
144 pages


4ème de couverture :
Les Immortelles, ce sont les prostituées de Port-au-Prince. L’une d’elles prend à parti l’inconnu monté la voir au bordel. Apprenant qu’il est écrivain, elle lui propose un marché : contre son corps, écrire l’histoire des putains défuntes, emportées par le séisme sous les décombres de béton. D’une surtout : la petite, la fugueuse Shakira venue sous son aile un jour dans la haine de sa bigote de mère. De la belle et orgueilleuse Shakira toute pénétrée d’une passion dévorante pour Jacques Stephen Alexis, l’immense écrivain qui fait battre le cœur d’Haïti. Shakira la révoltée devenue la plus convoitée des putains de la Grand-Rue.
 Avec ce roman de feu, qui marie le Ciel et l’Enfer, la transgression par le sexe et la mort atteint à la plus authentique humanité, la plus bouleversante, celle qu’aucune morale ne contrefait.
A propos de l’auteur :
Makenzy Orcel est né à Port-au-Prince en 1983. Les Immortelles est son premier roman (publié en 2010).Il a publié en 2011 Les latrines, et un recueil de poésie A l'aube des traversées et autres poèmes en 2010


Pour le défi du premier roman d'Anne.


Passage par  l'île d’Haïti dans le challenge de Géraldine.





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