Ouvrage
copieux, de prime abord, Joseph Anton
fait un peu peur. En réalité, il se lit facilement, grâce à une plume agréable,
un style accessible (précision utile, je n’avais jamais lu Salman Rushdie), et
un bon découpage de l’ouvrage.
Joseph
Anton, c’est sous ce pseudonyme que Salman Rushdie a vécu caché durant de
nombreuses années, ne relate que les années noires de Salman Rushdie à partir
du jour où sa tête fut mise à prix par les religieux islamistes iraniens.
Cette
autobiographie limitée fourmille de détails, et de précisions ; l’auteur
semble avoir tenu des carnets minutés tant ses faits et gestes ainsi que ceux de son entourage sont précis, et semble y avoir consigné ses
émotions, états d’âmes.
Ce
qui frappe, c’est avant tout la machine infernale qui se met en branle dès l’annonce
de sa mise à mort. Les services de protection fondent sur lui, pour le mettre
sous cloche quasi hermétique. Toute sortie fera l’objet d’âpres négociations
pour (parfois) parvenir à (relative) satisfaction, ou le plus souvent aboutir à
renoncement ou résignation. Il mènera une vie d’errance qui aurait fait craquer plus d’un être humain. Lui, en
dépit de ses découragements, de ses moments de doute, de maladresse dont tout
homme aux abois est capable, n’a en réalité jamais baissé les bras. Est-ce la
dureté de l’exil dès l’âge de 14 ans qui l’a préparé à lutter, est-ce ses profondes
convictions pour la liberté d’expression, de penser, de prier, de croire ou non?
Est-ce l’amour de ce petit bonhomme, Ahar, son fils, supportant tout sans
broncher.
La
lutte pour la liberté est un souci de tous les instants. Chaque moment acquis
est une victoire.
Salman
Rushdie va devoir faire avec les amis fidèles qui seront nombreux, les
écrivains engagés qui jamais le laisseront à son triste sort ; il connaîtra
aussi les traitres, la presse anglaise qui lui sera hostile, les politiques
plus soucieux de la diplomatie que de la liberté d’expression, les éditeurs ou
traducteurs courageux qui paieront parfois de leur vie pour que l’auteur puisse
être lu par le plus de personnes possible.
Pas
simple d’être un écrivain, un homme, un mari, et un père quand il faut se cacher
en permanence…
Curieusement
cette autobiographie est écrite à la troisième personne, comme pour bien se
démarquer de celui qui sous les traits de Joseph Anton, était lui, mais pas
tout à fait lui …
L’ouvrage
est très prenant, et difficile à lâcher. Et si parfois quelques longueurs se
font sentir, elles se feront vite oublier…car j’ai eu la liberté de les lire !!!
Joseph Anton, Salman Rushdie
Plon (20
Septembre 2012)
736 pages
4ème
de couverture :
Le
14 février 1989, le jour de la Saint Valentin, Salman Rushdie reçut un coup de
téléphone d’un journaliste de la BBC : il avait été« condamnéà mort » par
l’Ayatollah Khomeiny. C’était la première fois qu’il entendait le mot « fatwa
». Son crime ? Avoir écrit Les Versets sataniques, un roman accusé d’être «
contre l’Islam, le Prophète et le Coran ».
Ainsi
commence l’extraordinaire histoire d’un écrivain obligé de devenir un
clandestin, changeant sans cesse de domicile, sous la protection permanente
d’une équipe de protection policière armée. Quand on lui demande de se choisir
un pseudonyme à destination de la police, il songe aux écrivains qu’il aime et
essaie des combinaisons de leurs noms ; puis l’idée lui vient : Conrad et
Tchekov – Joseph Anton.
Comment
un écrivain et sa famille traversent-ils neuf années sous une menace de meurtre
perpétuelle ? Comment continuer à écrire ? À vivre des histoires d’amour ?
Quels effets le désespoir a-t-il sur sa pensée et son action, comment et
pourquoi flanche-t-il et comment apprend-il à se relever et à se battre ? Telle
est l’histoire que Salman Rushdie raconte pour la première fois à travers ces
remarquables mémoires – l’histoire d’une des plus importantes batailles pour la
liberté d’expression de notre époque. Il dit ici les réalités parfois cruelles,
parfois comiques d’un quotidien sous surveillance armée, et les liens très
forts qu’il tisse avec ses protecteurs ; il dit aussi sa lutte pour gagner le
soutien et la compréhension des gouvernements, des chefs des services de
renseignements, des éditeurs, des journalistes et de ses collègues écrivains,
il dit encore son combat acharné pour retrouver sa liberté.
C’est
un livre d’une franchise et d’une honnêteté exceptionnelles, saisissant,
provocant, émouvant, et d’une importance vitale. Car l'histoire de Salman
Rushdie n’est que le premier acte d’un drame qui continue de se dérouler chaque
jour quelque part dans le monde.
A propos de
l’auteur :
Salman
Rushdie, né à Bombay en 1947, a longtemps vécu en Grande-Bretagne avant de
s'établir aux Etats Unis. Les Enfants de Minuit, couronné par le Booker Prize
en 1981 et publié pour la première fois en France en 1983, a connu aussitôt un
immense succès mondial, et placé son auteur au premier rang des écrivains
majeurs de notre temps. Salman Rushdie est aussi l'auteur d'essais, de
nouvelles et de plusieurs romans, parmi lesquels Les Versets sataniques
(Christian Bourgois, 1989 et Plon, 1999), Le Dernier Soupir du Maure (Plon,
1996), Shalimar le clown (Plon, 2005). Il a été anobli par la Reine
d'Angleterre en 2007.
1er
document sélectionné pour le jury de Mars
Passage en Inde pour le challenge de Helran .
J'ai aussi apprécié ce livre mais plus dans son aspect militant et documentaire que psychologique.
RépondreSupprimerLe sujet doit être intéressant. Je note.
RépondreSupprimerje note. je n'avais pas osé le prendre, peur de l'incompréhensible, tu me rassures
RépondreSupprimeril est sélectionné pour Elle ? chouette ! j'aimerais le lire !
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