dimanche 9 décembre 2012

Joseph Anton-Une autobiographie

Ouvrage copieux, de prime abord, Joseph Anton fait un peu peur. En réalité, il se lit facilement, grâce à une plume agréable, un style accessible (précision utile, je n’avais jamais lu Salman Rushdie), et un bon découpage de l’ouvrage.


Joseph Anton, c’est sous ce pseudonyme que Salman Rushdie a vécu caché durant de nombreuses années, ne relate que les années noires de Salman Rushdie à partir du jour où sa tête fut mise à prix par les religieux islamistes iraniens.
Cette autobiographie limitée fourmille de détails, et de précisions ; l’auteur semble avoir tenu des carnets minutés tant ses faits et gestes ainsi que ceux  de son entourage sont précis, et  semble y avoir consigné ses émotions, états d’âmes.

Ce qui frappe, c’est avant tout la machine infernale qui se met en branle dès l’annonce de sa mise à mort. Les services de protection fondent sur lui, pour le mettre sous cloche quasi hermétique. Toute sortie fera l’objet d’âpres négociations pour (parfois) parvenir à (relative) satisfaction, ou le plus souvent aboutir à renoncement ou résignation. Il mènera une vie d’errance qui aurait  fait craquer plus d’un être humain. Lui, en dépit de ses découragements, de ses moments de doute, de maladresse dont tout homme aux abois est capable, n’a en réalité jamais baissé les bras. Est-ce la dureté de l’exil dès l’âge de 14 ans qui l’a préparé à lutter, est-ce ses profondes convictions pour la liberté d’expression, de penser, de prier, de croire ou non? Est-ce l’amour de ce petit bonhomme, Ahar, son fils, supportant tout sans broncher.
La lutte pour la liberté est un souci de tous les instants. Chaque moment acquis est une victoire.
Salman Rushdie va devoir faire avec les amis fidèles qui seront nombreux, les écrivains engagés qui jamais le  laisseront à son triste sort ; il connaîtra aussi les traitres, la presse anglaise qui lui sera hostile, les politiques plus soucieux de la diplomatie que de la liberté d’expression, les éditeurs ou traducteurs courageux qui paieront parfois de leur vie pour que l’auteur puisse être lu par le plus de personnes possible.
Pas simple d’être un écrivain, un homme, un mari, et un père quand il faut se cacher en permanence…

Curieusement cette autobiographie est écrite à la troisième personne, comme pour bien se démarquer de celui qui sous les traits de Joseph Anton, était lui, mais pas tout à fait lui …

L’ouvrage est très prenant, et difficile à lâcher. Et si parfois quelques longueurs se font sentir, elles se feront vite oublier…car j’ai eu la liberté de les lire !!!

Joseph Anton, Salman Rushdie
Plon (20 Septembre 2012)
736 pages

4ème de couverture :

Le 14 février 1989, le jour de la Saint Valentin, Salman Rushdie reçut un coup de téléphone d’un journaliste de la BBC : il avait été« condamnéà mort » par l’Ayatollah Khomeiny. C’était la première fois qu’il entendait le mot « fatwa ». Son crime ? Avoir écrit Les Versets sataniques, un roman accusé d’être « contre l’Islam, le Prophète et le Coran ».
Ainsi commence l’extraordinaire histoire d’un écrivain obligé de devenir un clandestin, changeant sans cesse de domicile, sous la protection permanente d’une équipe de protection policière armée. Quand on lui demande de se choisir un pseudonyme à destination de la police, il songe aux écrivains qu’il aime et essaie des combinaisons de leurs noms ; puis l’idée lui vient : Conrad et Tchekov – Joseph Anton.
Comment un écrivain et sa famille traversent-ils neuf années sous une menace de meurtre perpétuelle ? Comment continuer à écrire ? À vivre des histoires d’amour ? Quels effets le désespoir a-t-il sur sa pensée et son action, comment et pourquoi flanche-t-il et comment apprend-il à se relever et à se battre ? Telle est l’histoire que Salman Rushdie raconte pour la première fois à travers ces remarquables mémoires – l’histoire d’une des plus importantes batailles pour la liberté d’expression de notre époque. Il dit ici les réalités parfois cruelles, parfois comiques d’un quotidien sous surveillance armée, et les liens très forts qu’il tisse avec ses protecteurs ; il dit aussi sa lutte pour gagner le soutien et la compréhension des gouvernements, des chefs des services de renseignements, des éditeurs, des journalistes et de ses collègues écrivains, il dit encore son combat acharné pour retrouver sa liberté.
C’est un livre d’une franchise et d’une honnêteté exceptionnelles, saisissant, provocant, émouvant, et d’une importance vitale. Car l'histoire de Salman Rushdie n’est que le premier acte d’un drame qui continue de se dérouler chaque jour quelque part dans le monde.
A propos de l’auteur :

Salman Rushdie, né à Bombay en 1947, a longtemps vécu en Grande-Bretagne avant de s'établir aux Etats Unis. Les Enfants de Minuit, couronné par le Booker Prize en 1981 et publié pour la première fois en France en 1983, a connu aussitôt un immense succès mondial, et placé son auteur au premier rang des écrivains majeurs de notre temps. Salman Rushdie est aussi l'auteur d'essais, de nouvelles et de plusieurs romans, parmi lesquels Les Versets sataniques (Christian Bourgois, 1989 et Plon, 1999), Le Dernier Soupir du Maure (Plon, 1996), Shalimar le clown (Plon, 2005). Il a été anobli par la Reine d'Angleterre en 2007.



1er document sélectionné pour le jury de Mars


 Passage en Inde pour le challenge de Helran .





4 commentaires:

  1. J'ai aussi apprécié ce livre mais plus dans son aspect militant et documentaire que psychologique.

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  2. Le sujet doit être intéressant. Je note.

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  3. je note. je n'avais pas osé le prendre, peur de l'incompréhensible, tu me rassures

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  4. il est sélectionné pour Elle ? chouette ! j'aimerais le lire !

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