« La mère
souffrait de n’avoir pas choisi mon ADN. Je la comprenais. Moi j’aurais voulu
choisir un vente formaté à ma recevoir. »
Une
couverture rouge sang, un corps féminin à l’attitude explicite, comme pour
mieux avertir le lecteur qu’il aura dans les mains un ouvrage qui le chahuter. Couverture
qui m’a attirée tel un aimant, et dont le sujet me rappelait d’autres ouvrages marquants.
En
effet, bien que prenante, la lecture de l’ouvrage n’en demeure pas moins
difficile dans les thèmes et la violence intérieure des personnages.
Livre
de femme, qui ne met en scène que des femmes.
Nous
sommes au Liban, pays déchiré, toujours à la merci de ses voisins envahissants ;
pays multiculturel où même quand on est chrétien,
il ne fait pas bon être femme.
Hala
vit un calvaire, entre une mère, « La mère » comme elle la nomme qui
la rejette, lui fait subir les pires humiliations, la brime, l’emprisonne, et
plus tard, une belle mère « Rayon X » qui ne la verra jamais
autrement qu’un ventre à engendrer des « mâles », mais indigne d’en
être la mère plus tard….
Hayam
Yared, dont j’ignorais tout, donne un style à son ouvrage fait à la fois de
lyrisme, et de mots et phrases choc.
Un
livre qui peut ne pas plaire à tout le monde, mais qui en interpellera d’autres.
Un
livre passé complètement inaperçu à sa
parution, et qui pourtant aurait mérité plus d’attention tant il bouscule, interroge.
La malédiction, Hyam Yared
Editions des
équateurs (Août 2012)
185 pages
4ème
de couverture :
Qu’est
que la malédiction pour une femme ? De vivre dans un monde marqué par la
domination de la virilité et la transmission des valeurs masculines. Hala — ce
qui signifie la beauté — est une jeune femme libanaise née dans les années
1970. Elle vit à Beyrouth, entre culture arabe et occidentale. Elle reçoit une
éducation dans une école catholique et doit subir le rigorisme de sa mère qui la
persécute : ses fréquentations, sa gourmandise, sa sensualité, son poids.
Hala
s’éveille aux plaisirs, découvre son corps et surtout qu’elle est une femme
c’est à dire un être sans sexe proéminent. Elle va devoir conquérir sa féminité
dans un pays où les femmes sont soumises à la puissance des hommes, à la
domination de la religion et à la dévoration des mères. Dans un pays menacé par
l’invasion de la Syrie, Hala doit se battre jusqu’au meurtre pour se libérer et
simplement respirer.
Dans
un style volcanique et avec un humour satirique, Hyam Yared raconte l’histoire
terriblement vraie de Hala, une héroïne d’aujourd’hui au cœur d’une tragédie
antique. Hala n’est pas une seulement une femme vivant dans un pays arabe,
c’est une femme universelle, une Antigone sacrifiée au nom de l’ordre de la
société masculine.
Un
roman d’une force inouïe, d’une beauté ravageuse qui devrait marquer la rentrée
littéraire.
A propos de
l’auteur :
Née
en 1975 à Beyrouth, Hyam Yared est notamment l'auteur de Sous la tonnelle (Sabine Wespieser, 2009), l’armoire des ombres (Sabine Wespieser, 2006)
Elle
a publié de la poésie : Reflets de
lune (Dar An-Nahar éditeurs, 2001), Blessures
de l’eau (Dar An-Nahar éditeurs, 2004), Naître
si mourir (Editions Idée bleue, 2008).
24/26 [Y]
Passage par le Liban pour le tour du monde de Helran .
Pour le défi d'Opaline.
Ton billet donne très envie de lire ce livre âpre et bouleversant... En tout cas, c'est l'impression qu'il me donne !
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