Il
y a deux manières d’aborder ce roman. La plus naturelle est celle de le voir
comme un roman noir, comme l’indique son éditeur. De prime abord c’est ainsi qu’ai
voulu le voir, avec comme un sentiment de frustration dans les premiers temps.
De
roman noir, il est question, c’est indéniable ; mais ne le voir uniquement
comme tel s’avère assez rapidement réducteur, et ennuyeux. L’essentiel est
ailleurs. Il faut savoir abandonner sa culture occidentale, et accepter
d’endosser un autre costume, et d’aller à la rencontre d’un peuple
transfrontalier vivant aux confins des régions arctiques qui lutte pour sa
survie, et son identité culturelle, qui comprend assez mal le monde moderne (
certains s’en accommodent, d’autres au
contraire le fuient ), et tente de préserver coûte que coûte son milieu naturel
dont les richesses sont convoitées de toute part.
Je
prends le risque de dire qu’il s’agit d’un roman ethnique au sein duquel
Olivier Truc a glissé un crime et un vol pour nous raconter autre chose
d’infiniment plus profond . Certes le côté policier est perfectible ;
certaines ficelles paraissent un peu grosses. Certes le style comporte, parfois
quelques maladresses, bien que la construction s’avère intelligence.
Le
rythme lent m’a gênée au début ; puis je m’y suis accoutumée. Par des
températures polaires, alors que la nature est en sommeil, et que le soleil
pointe ses rayons avec parcimonie au fil des jours, il ne pouvait e être
autrement. Le rythme sámi est autre.
Mais,
indiscutablement, Olivier Truc connait son sujet. Il a su fil des pages,
aiguiser ma curiosité de lectrice inculte dans le domaine. Il a su donner au
lecteur une bonne idée de ce que peut être l’atmosphère hivernale à ces
latitudes, et notamment en mettant l’accent sur un élément majeur qu’est la lumière avec des indications
précises à chaque chapitre de l’évolution de la durée du jour. La vie s’organise
en fonction de cela, et le premier jour de clarté après le long hiver polaire,
est d’ailleurs une date importante pour les sames.
Ses
personnages sont travaillés, même si j’ai souvent eu le sentiment d’y voir des
traits parfois un peu trop caricaturaux.
Le
dernier lapon est donc un bon roman qui se laisse apprécier pour peu que l’on
prenne le temps de l’apprivoiser, lui et la population laponne.
Le dernier
lapon, Olivier Truc
Métailié
(Septembre 2012)
250 pages
Prix des Lecteurs de Quais du Polar-20 Minutes
(2013)
Prix Mystère de la critique (2013)
4ème
de couverture :
L’hiver
est froid et dur en Laponie. À Kautokeino, un grand village sami au milieu de
la toundra, au centre culturel, on se prépare à montrer un tambour de chaman
que vient de donner un scientifique français, compagnon de Paul-Emile Victor.
C’est un événement dans le village. Dans la nuit le tambour est volé. On
soupçonne les fondamentalistes protestants laestadiens : ils ont dans le passé
détruit de nombreux tambours pour combattre le paganisme. Puis on pense que ce
sont les indépendantistes sami qui ont fait le coup pour faire parler d’eux……….
A propos de
l’auteur :
Journaliste
depuis 1986, il vit à Stockholm depuis 1994 où il est le correspondant du Monde
et du Point, après avoir travaillé à Libération. Spécialiste des pays nordiques
et baltes, il est aussi documentariste pour la télévision. Il est l’auteur de
la biographie d’un rescapé français du goulag, L’Imposteur (Calmann-Lévy).
Pour le challenge de Liliba
Prix des lecteurs de Quais du polar 2013, pour le challenge de Laure .
Pour le challenge d'Anne.
Finalement, il a su te séduire. Il fallait juste que tu prennes le rythme sami.
RépondreSupprimerPour moi, presque un coup de coeur, une très belle surprise !
RépondreSupprimerIl me fait très envie.
RépondreSupprimerll m'intrigue ce livre !
RépondreSupprimerJe ne suis pas bien sûre d'accrocher avec les Lapons, mais il a tellement eu de bons échos ce livre que s'il me tombe sous la main, je le lirai.
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