Quand
l’ex bourreau retrouve son ex victime, c’est bien malgré eux qu’il vont devoir
à nouveau revivre les sombres heures de la République théologique, dictature
abominable dont on devine aisément l’identité. Fariba Hachtroudi ne cesse de
fustiger les dérives de son pays d’origine, et signe là un roman aussi
déroutant que fascinant, à l’écriture puissante d’où sortent de chaque mot la colère
et la révolte.
Ecrit
à deux voix, ce roman est en quelque
sorte une alternance de monologues de ces voix que sont celles du colonel et de
Vima l’ex-prisonnière.
Comment
le totalitarisme peut broyer les êtres, et avoir raison de leurs sentiments et de leurs histoires personnelles respectives ?
Telle est la question centrale ce cette histoire, certes un peu complexe, où
les va et viens sont légions, où parfois l’ambiguïté plane sur les personnes et
les situations.
Mais
une histoire dont la trame m’a immédiatement interpellée, et dont l’originalité
ne m’a pas déçue. J’avais découvert Fariba Hachtroudi dans La gelée royale dont le
sujet était radicalement différent, mais dans lequel j’avais pu déjà apprécier le style de l’auteur. Nous
sommes ici dans un registre nettement plus grave ; et si cela reste bien
entendu une fiction, il n’en demeure pas moins que les horreurs que dénonce l’auteur
existent bel, et bien en ce bas-monde, et que nous regardons souvent à côté….
Je
remercie les éditions Albin Michel pour m’avoir permis de lire cet
ouvrage.
Le
colonel et l’appât 455, Fariba Hachtroudi
Albin
Michel, Janvier 2014
184
pages
4ème de
couverture :
Elle
était « l’appât 455 », la plus célèbre prisonnière d’une impitoyable République
théologique. Lui, un des colonels les plus proches du Commandeur suprême.
Lorsqu’ils se retrouvent, des années plus tard, loin de leur pays, une relation
étrange et ambiguë se noue entre eux. Leur passé resurgit, mais aussi la
violence perverse du système dictatorial dans lequel ils ont vécu et la passion
amoureuse qui les a conduits à l’exil.
Dans
ce roman aussi subtil qu’envoûtant, Fariba Hachtroudi, romancière et
journaliste née en Iran, Grand Prix des droits de l’homme 2001, explore comme
dans une tragédie antique l’engrenage totalitaire qui veut broyer les êtres et
le pouvoir infini de l’amour.
A propos de l’auteur :
Petite-fille
du Cheikh Esmaïl Hachtroudi, leader religieux extrêmement respecté en Iran,
député au Parlement qui a participé à la Constitution de 1906 et défendu
laïcité et tolérance, Fariba Hachtroudi est la fille du grand mathématicien et
philosophe Mohsen Hachtroudi, nobélisable et grande autorité morale qui prônait
l'égalité entre hommes et femmes.
Née
en Iran, elle vit en France depuis son adolescence. Après un doctorat
d'archéologie elle devient journaliste, couvrant la guerre Iran-Irak et
publiant de nombreux reportages sur l'Iran et les droits des femmes. Son
premier roman paru au Seuil, Iran, les rives du sang, est couronné du grand
prix des Droits de l'homme en 2001. Vont suivre des documents dont Les femmes
iraniennes, 25 ans d'inquisition islamiste (2004), À mon retour d'Iran (2008),
Khomeiny Express (2009), des romans et un essai Ali Khamenei ou les larmes de
Dieu (Gallimard, 2012).
Je viens de le finir aussi mais je suis un peu moins enthousiaste que toi.
RépondreSupprimerJostein parait moins enthousiaste que toi. Un livre que je trouverai peut-être à la bibliothèque plus tard
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