dimanche 28 septembre 2014

Bain de lune



Haïti n’en finit pas de panser ses plaies. Entre les caprices de la nature, ceux des dictateurs et la mainmise des puissants sur les faibles, décidément cette île souffre ; ses habitants plient mais résistent.

Yanick Lahens, dont je découvrais ici la plume offre un roman à la fois complexe, envoutant, riche, puissant et bigrement bien écrit.
Ce roman familial sur plusieurs générations se veut l’histoire des paysans et des sans voix en donnant tantôt la parole  à un narrateur collectif, et à une inconnue bien mal en point  échouée sur une plage. Cette inconnue se révèle au fil des pages, tandis que défile sous nos yeux attentifs, une communauté partagée entre les Lafleur, et les Mésidor Les uns, riches s’arrogent tous les droits sur les autres, humbles mais dignes, alors que la dictature de «  l’homme à chapeau noir et lunettes épaisses » fait rage.
Les Dieux Vaudou sont partout, implorés par des paysans prêts à tout pour se maintenir la tête hors de l’eau.

Yanick Lahens emploie une écriture très imagée, à la fois poétique et réaliste. La puissance des mots donne à ce texte une sensualité bien dosée. Yanick Lahens aime profondément son île, et cela se sent dans l’affection qu’elle porte à ses personnages, même pour ceux les moins enviables.

Le lecteur ressort de cette lecture envouté, comme ensorcelé ; en tout cas pris dans les mailles de cette famille dont il est parfois un peu compliqué de suivre le parcours, mais dont l’arbre généalogique en fin d’ouvrage arrive fort à propos.

Je remercie chaleureusement Sabine Wespieser pour l’envoi de ce livre qui m’a donné envie d’en savoir davantage sur l’œuvre de son auteur.

Bain de lune, Yanick Lahens
Sabine Wespieser éditeur, Septembre 2014
270 pages
 Prix Femina 2014 ( édit du 3/11/2014)



4ème de couverture : (extrait)

Après trois jours de tempête, un pêcheur découvre, échouée sur la grève, une jeune fille qui semble avoir réchappé à une grande violence. La voix de la naufragée s’élève, qui en appelle à tous les dieux du vaudou et à ses ancêtres, pour tenter de comprendre comment et pourquoi elle s’est retrouvée là. Cette voix expirante viendra scander l’ample roman familial que déploie Yanick Lahens, convoquant les trois générations qui ont précédé la jeune femme afin d’élucider le double mystère de son agression et de son identité…..

A propos de l’auteur :
Yanick Lahens est née à Port-au-Prince en 1953. Elle fait ses études secondaires et supérieures en France, avant de retourner en Haïti pour enseigner la littérature à l’université d’État jusqu’en 1995.
Longtemps professeur, mais aussi journaliste – elle a collaboré à différentes revues et a animé l’émission « Entre nous » sur Radio Haïti Inter –, elle consacre aujourd’hui une grande partie de son temps au développement social et culturel de son pays.
Après avoir coordonné un temps les activités d’une plateforme de la société civile – son action a été saluée en 2007 par le Collectif féminin haïtien –, elle est désormais cofondatrice de l’Association des écrivains haïtiens, qui lutte contre l’illettrisme. Elle a également créé, en 2008, « Action pour le changement » (APC), destiné à former les jeunes générations aux stratégies de développement durable, à les sensibiliser à des questions d’intérêt national et à renforcer le lien social, notamment à travers la réalisation de courts-métrages. Cette fondation a aussi permis la construction de quatre bibliothèques supplémentaires en Haïti.
Aujourd’hui membre du Conseil international d'études francophones, elle a également fait partie du cabinet du ministre de la Culture, Raoul Peck, entre 1996 et 1997. En 1998, elle a dirigé le projet « la Route de l’esclavage », qui s’intéressait à la problématique de l’esclavage, en Haïti, à travers les sciences et les arts.
En 2014, elle s’est vu décerner le titre d’officier des Arts et des Lettres par l’ambassadeur de France en Haïti.
Grande figure de la littérature haïtienne – elle a reçu en 2011 le prix d’Excellence de l’Association d’études haïtiennes pour l’ensemble de son œuvre –, elle brosse sans complaisance le tableau de la réalité caribéenne dans chacun de ses livres. Elle est l’auteur d’essais – entre autres, L’Exil : entre l’ancrage et la fuite, l’écrivain haïtien (Deschamps, 1990) –, et de nouvelles, notamment Tante Résia et les Dieux (L’Harmattan, 1994). En 2000, paraît aux éditions du Serpent à plumes son premier roman, Dans la maison du père.
Chez Sabine Wespieser éditeur, elle publie en 2008 La Couleur de l’aube, qui est distingué par plusieurs prix (prix du livre RFO 2009, prix littéraire Richelieu de la Francophonie 2009, prix Millepages 2008), et en 2010 son récit Failles, inspiré du séisme qui a frappé Haïti la même année. Puis, en 2013, Guillaume et Nathalie rencontre une très bonne réception critique : il obtient le prix Carbet des lycéens 2014 et le prix Caraïbes de l'ADELF 2013.
En septembre 2014, elle publie Bain de lune (toujours chez Sabine Wespieser éditeur), son grand roman de la terre haïtienne, fruit de plusieurs années de travail.
Pour le challenge d'Asphodèle : Prix fémina 2014










 



 

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