lundi 12 septembre 2016

Ce que je ne pouvais pas dire



Président du Conseil Constitutionnel pendant 9 ans, Jean-louis-Debré, comme d’ailleurs les autres membres (nommés, ou membres de droit) était tenu à un strict devoir de réserve tant vis à vis les travaux propres de l’institution que  de la vie politique du pays et de ses acteurs.

Ce qui ne l’a pas empêché, au fil des jours de consigner par écrit réflexions, témoignages, remarques, états d’âme, opinions etc…etc…Libéré de son devoir de réserve, il a décidé de les publier, en l’état sous une forme un peu hybride entre mémoire, journal et essai ; un peu comme on prendrait sur le vif, sans trop s’occuper d’esthétisme, une photo d’un instant pour l’immortaliser tel qu’on l’a vécu à ce moment précis.

Il en résulte des textes plus ou moins courts, plus ou moins travaillés, plus ou moins lapidaires. Des textes pouvant être tantôt « professionnels » quand il s’attache à expliquer le travail de cette institution fort méconnue, son rôle majeur dans la démocratie, sa mutation ces dernières années ; mais aussi plus personnels voir intimes lorsqu’il évoque ses combats, les apports familiaux, amis aussi l’attachement presque filial avec Chirac qu’il tente d’accompagner du mieux qu’il peut (et je le crois sincère) dans sa maladie.

On apprend beaucoup de chose de ses rapports (pouvant parfois être houleux) avec la classe politique actuelle ou passée. Très vite, on peut se rendre compte de l’indépendance d’esprit du personnage, et de son absence d’esprit partisan. Il peut se révéler féroce à l’égard d’untel ou une telle, ne ménageant pas  les personnalités de son propre bord politique d’ailleurs. C’est  sans détour qu’il parle des nombreuses pressions qu’il a pu subir durant ses  9 années, d’un certain nombre de dysfonctionnements et « mauvaises habitudes » de l’institution auxquels il s’est attelé à mettre fin.

Voilà un ouvrage qui se veut sans prétention, qui m’a paru honnête et sincère ; un ouvrage instructif pour les éclairages qu’il apporte, émouvant quand il aborde un registre plus personnel, et souvent drôle pour la liberté de ton  qui est la sienne.

Ce que je ne pouvais pas dire, Jean-Louis Debré, chez Robert Laffont (Avril 2016, 360 pages)


Jean-Louis Debré, président du Conseil Constitutionnel de 2007 à 2016, a été ministre de l'Intérieur et président de l'Assemblée nationale. Il est aussi romancier et écrivain. Son dernier livre, Je tape la manche, chez Calmann-Lévy, s'est vendu à plus de 40 000 exemplaires.

1 commentaire:

  1. Une facette du personnage que je ne soupçonnais pas. Retenu à la bibli

    RépondreSupprimer