« La guerre, c’est la vérité de l’homme mise à
nu, dans toute son horreur, dans toute sa bassesse, toute sa grandeur, toute sa
beauté. »
Danièle,
la mère du narrateur perd la raison. Elle sombre dans une profonde dépression. Quand
elle avait vingt ans, Robert, son fiancé est mort en Algérie lors de la guerre
du même nom.
Des
années plus tard, le narrateur, est lui-même reporter de guerre et en plein
questionnement sur lui, son métier, ses choix…Il est hanté par le destin du
fiancé de sa mère, jusqu’à s’identifier à lui.
Roman
protéiforme, et à trois entrées, la blessure pose un regard général sur la
guerre, son absurdité et ses horreurs.
La
blessure, est également le magnifique portrait d’un jeune couple promis à un
avenir heureux, deux jeunes gens amoureux dont la correspondance ici intégrée
au roman montre la force et l’éclat d’un amour de jeunesse brisé lors d’un
conflit qui les dépasse.
En
outre, on y découvre comment Robert va "investir" ce conflit, on va
appréhender son regard sur l’Algérie et ceux qu’il est sensé combattre. Robert,
tout en étant un soldat loyal, a son propre ressenti, son humanité, et sa
culpabilité à fleur de peau.
Enfin,
ce roman est aussi le repositionnement d’un homme, le narrateur, qui au travers
de cette correspondance découvre le parcours de sa mère, "son jardin
secret", "sa blessure". Sans doute que cela lui permet de
comprendre son choix que d’être reporter de guerre, "l’envie d’aller au
casse-pipe"
De
ce livre j’ai tout aimé ; la grandeur d’âme de Robert, la beauté presque candide mais si profonde des amours
ente Robert et Danièle ; la mise à nu du narrateur qui cherche à
comprendre autant la dépression de sa mère que son propre mal-être. La force de
Danièle, qui même détruite saura à nouveau aimer et reconstruira une vie.
J’ai
aimé la forme de ce roman : multiple, sur plusieurs plans ; tantôt
sur le mode du "Je", tantôt sur le mode épistolaire et intime ou sur
le mode plus journalistique.
Sans
oublier cette plume précise, ciselée, qui sait se faire cruelle ou violente, et
à contrario tendre et câline.
Un
grand merci aux éditions de l’iconoclaste pour l’envoi de ce livre.
La
blessure de Jean-Baptiste Naudet éditions l’iconoclaste (Août 2018,300 pages)
Grand
reporter au service international de L’Obs après avoir été journaliste au
Monde, Jean-Baptiste Naudet a couvert une dizaine de conflits, de la
Yougoslavie à la Tchétchénie, de l’Irak à l’Afghanistan. Spécialiste de
l’Europe de l’Est, des Balkans et du Caucase, il a été correspondant à
Bucarest, Zagreb et Moscou. Il est diplômé en lettres de la Sorbonne, de
l’École supérieure de journalisme de Lille et en relations internationales de
Sciences Po Paris. La Blessure est son premier roman.
Critique courte mais efficace et très bien vu. Merci
RépondreSupprimerCommenté par l’auteur!
RépondreSupprimerJe comprends le coup de coeur. C’est un livre qui m’a beaucoup touchée aussi
J.ai aussi programmé ma chronique pour ce matin