vendredi 31 août 2018

La blessure


« La guerre, c’est la vérité de l’homme mise à nu, dans toute son horreur, dans toute sa bassesse, toute sa grandeur, toute sa beauté. »


Danièle, la mère du narrateur perd la raison. Elle sombre dans une profonde dépression. Quand elle avait vingt ans, Robert, son fiancé est mort en Algérie lors de la guerre du même nom.
Des années plus tard, le narrateur, est lui-même reporter de guerre et en plein questionnement sur lui, son métier, ses choix…Il est hanté par le destin du fiancé de sa mère, jusqu’à s’identifier à lui.

Roman protéiforme, et à trois entrées, la blessure pose un regard général sur la guerre, son absurdité et ses horreurs.

La blessure, est également le magnifique portrait d’un jeune couple promis à un avenir heureux, deux jeunes gens amoureux dont la correspondance ici intégrée au roman montre la force et l’éclat d’un amour de jeunesse brisé lors d’un conflit qui les dépasse.

En outre, on y découvre comment Robert va "investir" ce conflit, on va appréhender son regard sur l’Algérie et ceux qu’il est sensé combattre. Robert, tout en étant un soldat loyal, a son propre ressenti, son humanité, et sa culpabilité à fleur de peau.

Enfin, ce roman est aussi le repositionnement d’un homme, le narrateur, qui au travers de cette correspondance découvre le parcours de sa mère, "son jardin secret", "sa blessure". Sans doute que cela lui permet de comprendre son choix que d’être reporter de guerre, "l’envie d’aller au casse-pipe"

De ce livre j’ai tout aimé ; la grandeur d’âme de Robert, la beauté  presque candide mais si profonde des amours ente Robert et Danièle ; la mise à nu du narrateur qui cherche à comprendre autant la dépression de sa mère que son propre mal-être. La force de Danièle, qui même détruite saura à nouveau aimer et reconstruira une vie.

J’ai aimé la forme de ce roman : multiple, sur plusieurs plans ; tantôt sur le mode du "Je", tantôt sur le mode épistolaire et intime ou sur le mode plus journalistique.
Sans oublier cette plume précise, ciselée, qui sait se faire cruelle ou violente, et à contrario tendre et câline.

Un grand merci aux éditions de l’iconoclaste pour l’envoi de ce livre.

La blessure de Jean-Baptiste Naudet éditions l’iconoclaste (Août 2018,300 pages)



Grand reporter au service international de L’Obs après avoir été journaliste au Monde, Jean-Baptiste Naudet a couvert une dizaine de conflits, de la Yougoslavie à la Tchétchénie, de l’Irak à l’Afghanistan. Spécialiste de l’Europe de l’Est, des Balkans et du Caucase, il a été correspondant à Bucarest, Zagreb et Moscou. Il est diplômé en lettres de la Sorbonne, de l’École supérieure de journalisme de Lille et en relations internationales de Sciences Po Paris. La Blessure est son premier roman.

2 commentaires:

  1. Critique courte mais efficace et très bien vu. Merci

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  2. Commenté par l’auteur!
    Je comprends le coup de coeur. C’est un livre qui m’a beaucoup touchée aussi
    J.ai aussi programmé ma chronique pour ce matin

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