« Suivre une cure de désintoxication n’est pas
une fin en soi ; c’est le début d’une nouvelle histoire. »
Qui
aurait envie de venir soigner son addiction à l’alcool dans ces îles à l’extrême
nord de l’Ecosse ? Bien qu’elle y soit née, la narratrice a succombé, très
jeune aux sirènes du sud, et de Londres où elle accompagnera ses soirs de
solitudes, ses journées d’inactivité, ou ses nuits de folie dans l’ivresse et l’excès.
Elle
y reviendra bien décidée à en finir avec ses démons.
L’écart
est le récit de cette remontée progressive et solide vers la liberté, la
sobriété. C’est aussi la redécouverte d’elle-même, la découverte des autres, et
celui de son investissement pour ces territoires qui l’ont façonné et nourri.
La
narratrice découvre que le sevrage alcoolique n’est jamais acquis. Chaque jour
est un autre jour, un autre combat, une petite victoire qui s’imbrique à la
précédente et indispensable à la suivante.
« Je venais de comprendre que la sobriété
pouvait me faire planer et que j’étais capable de vivre « à fond les
manettes » sans la moindre goutte d’alcool. »
L’écart
ne serait pas ce qu’il est sans ce magnifique (et pourtant, je ne l’ai jamais
vu) endroit balayé par les vents arctiques, peuplé d’oiseaux de cétacés, , fait
de rochers et de landes, et dont les rares habitants sont durs à la tâche.
Ces
îles austères et inhospitalières offrent un spectacle époustouflant et ébouriffant,
et ce grâce à la plume d’Amy Liptrot. La profondeur de sa réflexion se combine
parfaitement à l’évocation sublime de sa terre natale, sa source rédemptrice.
Récit
à la fois plein d’espoir pour celles et ceux qui n’ont pas encore trouvé le
chemin de la sobriété, et une ode à notre environnement, l’écart fut aussi,
pour moi, un excellent climatiseur lors des jours torrides où j’ai eu le
bonheur de le lire.
Je
remercie vivement les éditions Globe
et Anne et Arnaud pour m’avoir
permis de le lire en avant- première.
L’écart
d’Amy Liptrot, traduit de l’anglais par Karine Reignier-Guerre, aux éditions du
Globe (Août 2018, 340 pages)
Surnommée
« la femme du Roi caille » par les soixante-dix autres résidents de la petite
île de Papay, Amy Liptrot est retournée à Orkney pour travailler avec la
Société Royale de protection des oiseaux. Elle y enregistre et documente des
informations sur le Roi caille – un oiseau rare et secret qui construit son nid
dans les hautes herbes et fait le bruit d’une cuillère traînée contre un
égouttoir à vaisselle. Elle est la lauréate du PEN Ackerley Prize 2017 et du
Wainwright Prize 2016. L’Écart est son premier roman.
J'ai ramé pour l'avoir (demandé 3 fois à Anne et Arnaud) alors que j'adore cet éditeur. Reçu aujourd'hui, j'espère aimer!
RépondreSupprimerOui, c’est bien le paysage des Orcades vu par Amy Liotrot qui sublime ce récit. Un très beau voyage
RépondreSupprimerCe livre est une merveille. Immense coup de coeur.
RépondreSupprimer