mercredi 29 août 2018

L'écart


« Suivre une cure de désintoxication n’est pas une fin en soi ; c’est le début d’une nouvelle histoire. »

Qui aurait envie de venir soigner son addiction à l’alcool dans ces îles à l’extrême nord de l’Ecosse ? Bien qu’elle y soit née, la narratrice a succombé, très jeune aux sirènes du sud, et de Londres où elle accompagnera ses soirs de solitudes, ses journées d’inactivité, ou ses nuits de folie dans l’ivresse et l’excès.

Elle y reviendra bien décidée à en finir avec ses démons.

L’écart est le récit de cette remontée progressive et solide vers la liberté, la sobriété. C’est aussi la redécouverte d’elle-même, la découverte des autres, et celui de son investissement pour ces territoires qui l’ont façonné et nourri.

La narratrice découvre que le sevrage alcoolique n’est jamais acquis. Chaque jour est un autre jour, un autre combat, une petite victoire qui s’imbrique à la précédente et indispensable à la suivante.

« Je venais de comprendre que la sobriété pouvait me faire planer et que j’étais capable de vivre « à fond les manettes » sans la moindre goutte d’alcool. »

L’écart ne serait pas ce qu’il est sans ce magnifique (et pourtant, je ne l’ai jamais vu) endroit balayé par les vents arctiques, peuplé d’oiseaux de cétacés, , fait de rochers et de landes, et dont les rares habitants sont durs à la tâche.

Ces îles austères et inhospitalières offrent un spectacle époustouflant et ébouriffant, et ce grâce à la plume d’Amy Liptrot. La profondeur de sa réflexion se combine parfaitement à l’évocation sublime de sa terre natale, sa source rédemptrice.

Récit à la fois plein d’espoir pour celles et ceux qui n’ont pas encore trouvé le chemin de la sobriété, et une ode à notre environnement, l’écart fut aussi, pour moi, un excellent climatiseur lors des jours torrides où j’ai eu le bonheur de le lire.

Je remercie vivement les éditions Globe et Anne et Arnaud pour m’avoir permis de le lire en avant- première.

L'avis de Sylire ; Jostein ; Leiloona ;

L’écart d’Amy Liptrot, traduit de l’anglais par Karine Reignier-Guerre, aux éditions du Globe (Août 2018, 340 pages)


Surnommée « la femme du Roi caille » par les soixante-dix autres résidents de la petite île de Papay, Amy Liptrot est retournée à Orkney pour travailler avec la Société Royale de protection des oiseaux. Elle y enregistre et documente des informations sur le Roi caille – un oiseau rare et secret qui construit son nid dans les hautes herbes et fait le bruit d’une cuillère traînée contre un égouttoir à vaisselle. Elle est la lauréate du PEN Ackerley Prize 2017 et du Wainwright Prize 2016. L’Écart est son premier roman.

3 commentaires:

  1. J'ai ramé pour l'avoir (demandé 3 fois à Anne et Arnaud) alors que j'adore cet éditeur. Reçu aujourd'hui, j'espère aimer!

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  2. Oui, c’est bien le paysage des Orcades vu par Amy Liotrot qui sublime ce récit. Un très beau voyage

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  3. Ce livre est une merveille. Immense coup de coeur.

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