« Il y avait des choses sur sa vie qu’il ne
pourrait jamais savoir. (..) Il n’avait pas choisi d’être le fils de parents qui
s’en fichaient. Il n’avait pas choisi d’être un enfant abandonné devant un bric-
à- brac. Il n’avait pas choisi le vide. »
Jack
est un enfant de personne, et un enfant de tout le monde. Abandonné à sa
naissance, ayant fait plusieurs familles d’accueil, il tombe enfin sur Maryann,
elle aussi mise au ban de la société et qui l’accepte, malgré son caractère
difficile, et l’élève comme s’il était le sien.
Jack
devenu adulte vit, ou plutôt survit de ses combats de boxe clandestins. Jack a
le corps et la tête usés par les coups. Il carbure à l’alcool et au Tylenol. Les
dettes s’accumulent, auprès de Big Momma Sweet qui tient le business de la
région, mais auprès des banques qui veulent saisir la maison de sa mère malade
et en fin de vie.
Jack
n’a pas d’autre choix que de payer ; d’une part parce qui Big Momma Sweet
est impitoyable, et que Jack sait ce qu’il doit à sa mère, elle qui n’est jamais
revenue sur son choix.
Le
pays des oubliés, littéralement le boxeur nous emporte dans le delta du Mississipi
sur les traces d’un homme marqué par ses blessures d’enfant, par ses manques
affectifs et éducatifs, et qui par amour pour une femme aussi exclue de lui s’engage
dans un combat qu’il a toutes les raisons de perdre, mais qu’il ne s’autorise
pas à perdre.
C’est
à la fois un roman terriblement noir et poisseux, et une histoire où l’espérance
pointe son nez à chaque page tant nous avons envie de croire en Jack.
Jack
est un garçon attachant, que l’on a envie de prendre sous notre aile pour le guider,
le consoler, le sermonner, l’encourager…
Il
y a dans l’écriture de Mickael Farris une certaine rudesse en total accord avec
son sujet et son personnage. Comme pour son premier roman Nulle part sur la terre, on ne rentre pas instantanément dans cet univers ; il faut accepter
de prendre son temps.
Jack
n’est pas un personnage que l’on oublie de sitôt !
Le
pays des oubliés de Mickael Farris Smith, traduit de l’américain par Fabrice
Pointeau, chez Sonatine (Janvier 2019)
Michael
Farris Smith
est un écrivain américain originaire du Mississipi dont le travail et la
personnalité sont fortement marqués par son ancrage territorial dans le Sud des
États-Unis. Si ses voyages en France et en Suisse inspirent son premier roman,
The Hands of Strangers (2011), son second récit, Une pluie sans fin (Super 8 éditions,
2015), fresque post-apocalyptique qui dépeint un Mississipi dévasté par des
intempéries diluviennes, a été salué pour l’originalité et l’intensité de sa
langue. Avec son nouveau roman Nulle part sur la terre, Michael Farris Smith
continue de construire une vision littéraire unique, dépositaire de toute
l'aridité, la poésie et l'humanité qui rythme l’existence sudiste. Michael
Farris Smith vit aujourd’hui à Oxford, dans le Mississipi.
ah? un avis plus positif que ce que j'ai déjà pu lire… j'avais tellement aimé Nulle part sur la terre!
RépondreSupprimer