lundi 16 mars 2020

La fabrique de la terreur


Les bonnes choses ont une fin…troisième et dernier volet d’une fresque politico-historique commencée en Algérie durant la décennie noire, la fabrique de la terreur nous mène à l’aune du printemps arabe jusqu’au carnage du Bataclan en 2015.
D’Al- Qaïda à l’Etat-Islamique ; comment d’un mouvement aux aspirations démocratiques dans les pays d’Afrique du nord nous sommes- nous retrouvés face à l’EI mettant à l’épreuve nos démocraties ?

Tel est le propos de ce passionnant ouvrage à la fois fiction et documentaire réaliste. Frédéric Paulin tente de décrypter les rouages d’un engrenage que nous n’avons pas pu, ou su anticiper. Ici, il est beaucoup question des services secrets, fragilisés par une réorganisation qui aurait lourdement pesé sur l’efficience.

Comment ne pas être touchée par Laureline Fell , agent du renseignement qui se bat, avec ses moyens, souvent contre vents et marrées , contre un système qui n’est pas outillé pour mettre hors d’état de nuire des individus comme Merah ?

Que dire de Benlazar, brillant, mais dérangeant ? En retraite, mais toujours rongé la bête immonde qui avance masquée et qui, il le pressent va frapper, mais où, quand et comment ?

Enfin comment ne pas être émue par Vanessa, jeune journaliste (et fille de Benlazar) attachante, enragée, impulsive, engagée mais surtout tellement difficile à canaliser, se mettant en perpétuel danger.

J’oubliais, en filigrane, l’hommage aux kurdes, vaillants combattants contre Daech, que l’on envoie sans vergogne au casse-pipe, et puis qu’on abandonne !

Frédéric Paulin frappe fort, très fort ! Il nous rappelle à chaque page que les choses ne sont jamais noires ou blanches, mais surtout grises et souvent borderline. Les salopards, ne sont pas tous nés salopards ; ils le sont devenus…

Ce dernier opus se lit le pied au plancher et laisse le lecteur KO par tant de réalisme, de minutie et d’érudition. Voilà qui clos avec brio cette fresque foisonnante, instructive, mais qui surtout nous donne beaucoup à réfléchir !

Un grand merci aux éditions Agullo pour l’envoi de ce livre !

La fabrique de la terreur de Frédéric Paulin, aux éditions Agullo (Mars 2020 ;342 pages)



Frédéric Paulin est un grand raconteur d’histoires et un dialoguiste incisif, au style audiardesque, mais aussi un journaliste indépendant, fondateur du journal satirique rennais Le Clébard à sa mémère. Il a été professeur d'histoire et géographie en collège et lycée.

Il a publié aux éditions des Perséides, en 2009, "La Grande Déglingue", un premier roman tonitruant et mélancolique sur la boucherie qu’a été la Première Guerre mondiale. Viendront "La guerre est une ruse " puis "Prémices de la chute"

Depuis de nombreuses années, il vit à Rennes, ville dont il aime les bistrots, les forêts et la proximité avec Saint-Malo et ses bords de mer.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire