dimanche 14 mars 2021

Lëd



Dire que Caryl Ferey fait voyager son lecteur est un euphémisme. Embarquer avec lui, c’est partir à l’aventure hors des sentiers battus.

Après l’Afrique du Sud, et l’Amérique du Sud (pour le voyage en terre maorie, il faudra patienter un peu), Caryl Ferey nous entraine au cœur de la Sibérie, à Norilsk, un trou perdu pas tellement inconnu puisqu’il lui avait déjà consacré un récit de voyage marquant.

L’endroit et ses habitants n’ont visiblement pas livré tous leurs secrets, puisqu’il trouve matière à nous emmener une seconde fois. N’allez pas croire pour autant qu’il s’agit d’une promenade tranquille….

Dans cet univers ultra hostile, alors qu’une tempête arctique sévit, un éleveur de rennes est retrouvé mort dans ce qui reste du toit d’un immeuble emporté par les vents violents.

Banale enquête, me direz-vous ! Oui, mais pas que ! Et c’est là tout l’intérêt de l’ouvrage.

Caryl Ferey prend à bras le corps tous les sujets qui fâchent au pays de Poutine,et plus particulièrement dans cette ville fermée, ancien goulag, au sous-sol aussi riche que la surface est polluée.

C’est Boris, un flic honnête, arrivé là plus par punition, que pour ses compétences, qui va s’atteler à ce qui s’avère une affaire à la fois compliquée et explosive que quelques-uns n’ont pas très envie d’élucider.

Boris vit au milieu d’une galerie de personnages directement inspirés de celles et ceux qu’a rencontrés Caryl Ferey lors de son séjour. Des personnages attachants, meurtris, usés, malades ; des personnages qui pour certains sont contraints à s’aimer dans la clandestinité ; à exercer plusieurs métiers pour survivre, ou pour d’autres sont condamnés à une mort à petit feu. Chacun a son histoire, ses petits secrets. Chacun tente à sa façon de survivre !

La région est assise sur un gisement gigantesque de nickel dont l’extraction provoque pollution extrême, convoitise, et corruption bien établie. On y boit toujours autant ; et pas que de la simple vodka.

C’est dans ce décor idyllique que Caryl Ferey nous entraine tout au long de ces 500 pages qu’on ne voit pas passer. Il donne nous livre là un portrait d’une ville de l’extrême et de ses habitants. Guidé tout au long de son ouvrage par des extraits de La fin de l’homme rouge de Svetlana Alexievitch, Ferey dénonce la cupidité, l’homophobie, la corruption généralisée, le mépris des peuples autochtones….

Du grand art !

Lëd de Caryl Ferey aux éditions Les arènes (Janvier 2021, 530 pages)

Caryl Férey est un écrivain et un scénariste français né en 1967.

Il a grandi en Bretagne après que sa famille se fut installée à Montfort-sur-Meu près de Rennes en 1974.

Grand voyageur, il a parcouru l'Europe à moto, puis a fait un tour du monde à 20 ans. Il a notamment travaillé pour le Guide du Routard.

En 1994, paraît chez Balle d'Argent, petite maison d'édition rennaise, son premier roman "Avec un ange sur les yeux". Il sort la même année son premier polar, "Delicta Mortalia : péché mortel", puis quatre ans plus tard le très remarqué "Haka" (1998).

Il écrit aussi pour les enfants, pour des musiciens, le théâtre et la radio. Il se consacre aujourd'hui entièrement à la littérature.

Il a obtenu le Prix SNCF du polar 2006 pour "Utu" (2004) et le Grand prix de littérature policière 2008, le Prix Mystère de la critique 2009 et le prix Jean Amila au Salon du livre d'expression populaire et de critique sociale d'Arras 2009 pour "Zulu" (2008).

En 2013, "Zulu" est adapté au cinéma, réalisé par Jérôme Salle d'après le roman éponyme, avec Orlando Bloom et Forest Whitaker.

"Mapuche" (Série noire, 2012) obtient le Prix Landerneau Polar 2012 ainsi que le Prix Ténébris en 2013.

Il publie "Condor" chez Gallimard en 2016 (Série noire), et "Paz" en 2019. "Norilsk " en 2017 chez Paulsen....entre autres.....

 

 

 

2 commentaires:

  1. J'ai l'impression que les romans de l'auteur pourraient me plaire, je note.

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  2. je suis contente de ton billet car le livre me tente bien, j'aime bien l'auteur et le nord

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