mardi 24 août 2021

Mon traitre

 

Je n’ai pas beaucoup lu Sorj Chalandon ; c’est une grave erreur car le peu que j’ai lu ne m’a pas déçue. J’avais surtout envie de découvrir Chalandon l’irlandais, lui qui y a beaucoup travaillé.

Antoine est luthier, français. Sa première rencontre avec l’Irlande c’est avec un client violoniste qui lui dira ‶Vous ne connaissez pas le nord ? Alors vous ne connaissez pas l’Irlande″.

Le coup de foudre viendra 3 ans plus tard. Il s’y fera des amitiés solides : Jim ,Cathy, et Tyrone Meehane. Tyrone sera pour lui comme un père.

Il y retournera à de nombreuses reprises. Nous sommes en plein confit irlandais ; le nord contre le sud ; les catholiques contre les protestants ; les unionistes contre les républicains. Une guerre, une sale guerre. ″ La guerre est sale. Sale. Ne parle jamais de guerre propre. ‶

Il s’avèrera que Tyrone trahira ; trahira son pays, trahira sa famille, trahira ses compagnons de lutte, ses engagements, trahira la cause de l’IRA, trahira son ami.

‶Personne ne naît tout à fait salaud, petit Français. Le salaud, c’est parfois un gars formidable qui renonce. ″

″Il trahissait depuis près de vingt ans. L'Irlande qu'il aimait tant, sa lutte, ses parents, ses enfants, ses camarades, ses amis, moi. Il nous avait trahis. Chaque matin. Chaque soir…‶

Et pourtant, c’est un ami. Rien n’est simple.

J’ai particulièrement aimé ce roman magnifiquement écrit, judicieusement construit. Il nous parle à la fois de ces années de plomb qui ont ravagé l’Irlande. Il dit les fragilités humaines. Il dit l’amitié ses limites et ses forces. Il dit la sensibilité d’un homme embarqué presque malgré lui dans un conflit qui n’est pas le sien, mais qui va le devenir.

Ce roman est aussi l’aventure personnelle et professionnelle de l’auteur superbement mise en mots. Une histoire à la fois dure et sensible, qui on le devine, a laissé des traces indélébiles, et donnera un autre ouvrage qu’il me tarde de lire.

Mon traitre de Sorj Chalandon chez Grasset (2008 ;275 pages), et au livre de poche (2009 ;216 pages)


 

Sorj Chalandon est un journaliste et écrivain français.

Il a été journaliste au quotidien "Libération" de 1974 à février 2007. Membre de la presse judiciaire, grand reporter, puis rédacteur en chef adjoint de ce quotidien, il est l'auteur de reportages sur l'Irlande du Nord et le procès de Klaus Barbie qui lui ont valu le prix Albert-Londres en 1988. Depuis 2009, Sorj Chalandon est journaliste au "Canard enchaîné", ainsi que critique cinéma.

Il est devenu un auteur reconnu grâce notamment à "Une promesse", qui obtint le prix Médicis en 2006, "Retour à Killybegs" couronné en 2011, par le Grand Prix du roman de l'Académie Française et "Le Quatrième mur", roman qui permis à Sorj Chalandon d'être lauréat du prix Goncourt des Lycéens en 2013.

En 2010, Sorj Chalandon apparut en dernière partie du film documentaire de Jean-Paul Mari "Sans blessures apparentes".

De 2008 à 2012, Sorj Chalandon fut le parrain du Festival du Premier Roman de Laval, organisé par Lecture en Tête. Depuis 2013 il est le Président du Jury du Prix Littéraire du Deuxième Roman.

En 2015, il publie "Profession du père", une oeuvre romanesque où il s’inspire de sa propre enfance.

En 2017, il publie le roman "Le Jour d'avant", sur la catastrophe minière de Liévin-Lens qui a fait 42 morts le 27 décembre 1974.

En 2019, paraît "Une joie féroce", qui obtint un grand succès commercial.

"Mon traître", "Retour à Killybegs" et "Le quatrième mur", ont été adaptés en bande dessinée.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire