Tara sombre dans la dépression. Elle vit le deuil particulièrement difficile de son mari. Elle perd pied, peu à peu, et les fantômes viennent la tourmenter. Son beau-fils semble désemparé face à elle.
Vijaya vit dans un pays du sud-est asiatique (c’est à la fin que le lecteur devinera duquel il s’agit). Elle bénéficie d’une enfance choyée, et douce dans un milieu relativement aisé où elle est éduquée dans un pays qui ne fait pas grand cas de la condition féminine. Seulement les choses vont assez vite tourner au drame. La vie de Vijaya se dégrade ; ballotée de foyer en bordel, de bordel, elle perd tout ; ses parents, sa dignité, son innocence, jusqu’à son nom. Elle devient au regard des autres le ‶chien méchant″.
″Ici, rien ne t’appartient‶, lui dira-t-on pour l’enfoncer définitivement, elle ‶la fille gâchée″, comme on l’appelle.
Tara et Vijaya finiront par se rejoindre dans des circonstances que le lecteur découvrira subtilement. Des circonstances qui seront aussi son salut, sa porte de sortie. Seulement, même enfermé, le passé finit toujours par refaire surface.
Nathacha Appanah, que je suis depuis ‶Le dernier frère″ livre ici un très court roman si intense qu’il vous laisse, qu’il m’a laissée scotchée. Nathacha Appanah utilise l’ellipse narrative pour poser son propos. Tout y est enrobé, contourné, imagé, et si violent à la fois. Les choses se devinent plus qu’elles ne sont jetées à la figure du lecteur. La sobriété n’empêche en rien l’engagement.
Nathacha Appanah signe un roman troublant, envoutant, qui prend littéralement aux tripes, qui bouleverse. Je la suis depuis ″Dernier frère‶, et cette fois encore je ne suis pas déçue.
Rien ne t’appartient de Nathacha Appanah, aux éditions Gallimard (Août 2021, 160 pages)
Nathacha Appanah est une romancière mauricienne, vivant en France, née le 24 mai 1973 à Mahébourg ; elle passe les cinq premières années de son enfance dans le Nord de l'île Maurice, à Piton. Elle descend d'une famille d'engagés indiens de la fin du XIXe siècle, les Pathareddy-Appanah.
Après de premiers essais littéraires à l'île Maurice, elle vient s'installer en France fin 1998, à Grenoble, puis à Lyon, où elle termine sa formation dans le domaine du journalisme et de l'édition. C'est alors qu'elle écrit son premier roman, "Les Rochers de Poudre d'Or", précisément sur l'histoire des engagés indiens, qui lui vaut le prix RFO du Livre 2003.
Son
second roman, "Blue Bay Palace", est contemporain : elle y décrit
l'histoire d'une passion amoureuse et tragique d'une jeune indienne à l'égard
d'un homme qui n'est pas de sa caste.Elle a également publié ," La noce d'Anna", et "En attendant demain".
"Le Dernier Frère" (2007) a reçu plusieurs prix littéraires dont le prix du roman Fnac 2007, le prix des lecteurs de L'Express 2008, le prix de la Fondation France-Israël. Il a été traduit dans plus de quinze langues.
En 2013, les éditions Payot ont publié "Indigne" d'Alexander Maksik, le roman qu'elle a traduit de l'américain.
Paru en 2016, son roman "Tropique de la violence" est issu de l'expérience de son séjour à Mayotte où elle découvre une jeunesse à la dérive. Ce roman remporte le tout premier prix Femina des lycéens, le premier Prix Patrimoines 2016, le Prix France Télévisions 2017, le Prix du roman métis des lecteurs 2017 et le Prix du roman métis des lycéens 2017.
Son dixième roman "Le ciel par-dessus le toit" figure sur la première sélection du prix Goncourt 2019. "Rien ne t’appartient" , est son dernier opus paru .
C'est bien, tu n'en dis pas trop (contrairement à d'autres avis que j'ai lus). Bref, j'ai lu ce roman récemment, aimé, mais pas encore trouvé les mots...
RépondreSupprimerMon livre préféré de Nathacha Appanah reste Petit éloge des fantômes, court, mais si fort !