mardi 14 juin 2022

Le pays des autres 2 : Regardez-nous danser


C’est avec beaucoup de plaisir, et d’appréhension que je retrouve Mathilde et Amine. Est-ce que le second volet de cette trilogie allait tenir les promesses du premier ? Est-ce que Leïla Slimani en avant encore sous le pied pour poursuivre les aventures de ce couple à la fois peu commun pour l’époque et pourtant relativement traditionnel.

La réponse est clairement Oui ! J’ai beaucoup apprécié cette tranche de vie entre 1968 et 1974 au Maroc désormais indépendant, dirigé par un jeune roi à la main de fer dans un gant de velours. Le Maroc tiraillé entre ses traditions séculaires rassurantes pour la population, et la tentation du modernisme qu’attend une jeunesse avide de changements et d’horizons nouveaux.

Mathilde et Amine sont désormais bien installés dans leur vie. Ils ont travaillé très dur pour qu’enfin leur domaine devienne prospère. Mathilde s’affirme avec le temps.

Les enfants ont grandi. Tout comme la jeunesse du pays, ils ont leurs rêves, leurs idées, leurs faiblesses aussi. La seconde génération Belhadj vit les changements sociétaux assez inégalement. Les uns parviennent à sortir du lot, d’autres s’enfoncent, aidés par les non-dits hantant les murs de la demeure familiale.

Les personnages prennent de l’épaisseur ; on s’y attache et finalement on fait corps avec eux.

Leïla Slimani s’appuie sur sa propre famille pour construire sa propre saga familiale, dans laquelle elle n’a pas oublié de distiller avec beaucoup d’intelligence des morceaux d’histoire marocaine pour incarner son roman, et lui donner une certaine solidité, sans le moindre jugement de sa part.

L’écriture est juste ; L’auteur a su dépasser la neutralité sans pour autant sombrer dans l’emphase.

Vivement la suite !

Le pays des autres 2 : Regardez-nous danser de Leïla Slimani, aux éditions Gallimard (Février 2022, 370 pages).

Leïla Slimani est une journaliste et écrivaine franco-marocaine.

Née d'une mère franco-algérienne et d'un père marocain, élève du lycée français de Rabat, Leïla Slimani grandit dans une famille d'expression française. Son père, Othman Slimani, est banquier, sa mère est médecin ORL.

En 1999, elle vient à Paris. Diplômée de l'Institut d'études politiques de Paris, elle s'essaie au métier de comédienne (Cours Florent), puis se forme aux médias à l'École supérieure de commerce de Paris (ESCP Europe).

Elle est engagée au magazine "Jeune Afrique" en 2008 et y traite des sujets touchant à l'Afrique du Nord. Pendant quatre ans, son travail de reporter lui permet d'assouvir sa passion pour les voyages, les rencontres et la découverte du monde.

En 2013, son premier manuscrit est refusé par toutes les maisons d'édition auxquelles elle l'avait envoyé. Elle entame alors un stage de deux mois à l'atelier de l’écrivain et éditeur Jean-Marie Laclavetine. Elle déclare par la suite : « Sans Jean-Marie, Dans le jardin de l'ogre n'existerait pas ».

En 2014, elle publie son premier roman chez Gallimard, "Dans le jardin de l'ogre". Le sujet (l'addiction sexuelle féminine) et l'écriture sont remarqués par la critique et l'ouvrage est proposé pour le Prix de Flore 2014. 

Son deuxième roman, "Chanson douce", obtient le prix Goncourt 2016, ainsi que le Grand Prix des lectrices Elle 2017. Il est adapté au cinéma en 2019, avec Karin Viard et Leïla Bekhti.

 

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