Je ne fais pas mystère que j’aime la prose de Marie-Hélène Lafon, que j’apprécie sa concision, son mot juste, son petit côté à la fois abrasif et onctueux .En attendant de relire son dernier opus encore plus court que ses précédents romans, j’avais envie de découvrir ses nouvelles, premiers écrits ayant eu du mal à trouver un éditeur.
L’exemplaire que j’ai déniché , primé du Goncourt de la nouvelle en 2016, est la réunion de plusieurs recueils. Dix-neuf textes d’une dizaine de pages pour la plupart ( 3 d’un quarantaine de pages) se suivent sans réelle logique, mais avec pour point commun que Marie-Hélène y décrit des scènes de vie ordinaire, dresse le portrait d’hommes et de femme dans leur vie de tous les jours. Elle fait avec sa simplicité provinciale, et sa richesse linguistique et grammaticale. Tout y est ciselé, sans superflu ; le mot juste, l’adjectif qui convient parfaitement. Marie-Hélène pétrit la langue, sans jamais savoir, au départ de l’histoire, ce que cette dernière va devenir. J’ai beaucoup aimé son dernier texte dans lequel elle explique son rapport à l’écriture, ses débuts, ses peurs, la manière dont elle appréhende le ″chantier des nouvelles‶ et ‶l’établi du roman″.
Suis-je réconciliée avec le genre de la nouvelle ? Il est trop tôt pour le dire. J’ai simplement trouvé ici le style et la matière qui me convenaient, et le moment approprié !
Histoires de Marie-Hélène Lafon, aux éditions Buchet Chastel (Octobre 2015, 315 pages)
Marie-Hélène Lafon est une professeure agrégée et écrivaine française née en 1962.
Née dans une famille de paysans, elle est élève à l'Institution Saint-Joseph (collège) puis à La Présentation Notre-Dame (lycée) deux pensionnats religieux de Saint-Flour.
Elle part ensuite étudier à Paris, à la Sorbonne, où elle obtient une maîtrise de latin et le CAPES de lettres modernes. Elle obtient également un Diplôme d'études approfondies (DEA) à l'Université Paris III-Sorbonne Nouvelle puis un doctorat de littérature à l'Université Paris VII-Denis Diderot.
Elle devient agrégée de grammaire en 1987. Elle enseigne le français, le latin et le grec dans le collège Saint-Exupéry, Paris 14e, en banlieue parisienne, dans un collège situé en Zone d’Éducation Prioritaire, puis à Paris, où elle vit.
Elle commence à écrire en 1996, à 34 ans. Son premier roman "Le soir du chien" (2001) est récompensé par le prix Renaudot des lycéens en 2001.
Elle avait précédemment écrit des nouvelles - pour lesquelles elle ne trouvait pas d'éditeur - dont "Liturgie", "Alphonse et Jeanne", qui seront publiées l'année suivante dans le recueil "Liturgie" (2002), récompensé par le prix Renaissance de la Nouvelle en 2003.
Elle préside le prix littéraire des lycéens de Compiègne en 2003-2004.
Lauréate
de nombreux prix, Marie-Hélène Lafon obtient le Prix du Style 2012 pour
"Les Pays" et le Prix Goncourt de la nouvelle en 2016 pour
"Histoires". Elle reçoit le Prix Renaudot 2020, pour son roman
"Histoire du fils".Nos vies, en 2017 ;Joseph en 2014 ;
Célibataire et sans enfant, son département d'origine, le Cantal, et sa rivière, la Santoire, sont le décor de la majorité de ses romans.
En 2015, le téléfilm "L'Annonce" est adapté de son roman éponyme de 2009, réalisé par Julie Lopes-Curval, avec Alice Taglioni et Éric Caravaca, produit par Arte.
J'avais toujours beaucoup de plaisir à l'écouter dans "La grande librairie" et curieusement, je n'ai jamais sauté le pas de lire un de ces livres, ce qui est assez étonnant. Ce sera chose faite en 2023, assurément. Merci pour cette chronique !
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