samedi 29 juillet 2023

Au nom du bien

 


Si je suis honnête, je dois admettre que je suis le genre de pasteur que j’ai toujours détesté. Je suis un baby-sitter spirituel comme tant d’autres. Je voulais faire de grandes choses pour Dieu, si Dieu m’avait choisi pour faire de grandes choses.

A lire attentivement la biographie de Jake Hinkson, on s’aperçoit que ce dernier un lourd contentieux à l’égard de la religion dans laquelle il était engagé jusqu’à en claquer la porte. Et le moins que l’on puisse dire c’est que cela transpire dans ses romans. La religion et ses représentants y sont très présents, et pas de la meilleurs des façons.

Nous sommes à la veille de Pâques, dans une petite bourgade de l’Arkansas profond, à quelques mois des élections américaines peu avant l’arrivée du vilain canard.

Richard Weatherford est le pasteur de la communauté ; il est apparemment sans histoires…apparemment, car le pasteur, qui a fauté, que dis-je, flirté avec le diable, en succombant aux plaisirs interdits avec un homme, se retrouve pris au piège. Soit il paie la coquette somme de 30 000 dollars à son amant, soit son coupable secret sera révélé à la communauté, alors qu’il se débat précisément dans la lutte contre l’homosexualité, la prohibition de l’alcool, et toutes les obsessions de ces bons homme d’Église. Fais comme je dis, mais pas comme je fais, rien de nouveau sous le soleil, mais aux USA, ça coince un peu !!

Durant vingt-quatre heures nous allons assister à une cascade d’évènements mettant en jeu un certain nombre de personnes qui en cascade vont se retrouver mêlés à cette affaire dans le seul but de sauver le Pasteur de son sordide pétrin.

Construit comme un roman choral, ce roman croque savoureusement cette petite communauté dont chaque personnage voit sa personnalité disséquée avec beaucoup d’acuité. L’auteur y pose un regard plein de sarcasme et de cynisme à l’égard d’un monde hypocrite, et pétri d’une morale d’un autre âge.

C’est noir, poisseux, pesant, surprenant, sans concession. L’écriture de Jake Hinkson est sèche, sans fioriture, sans bla-bla. C’est alerte, imagé, imaginatif. Un roman noir comme je les aime !

Les choses que j’ai faites ce soir m’ont appris une autre vérité. Je ne suis qu’un être humain, et les âtres humains sont capables de tout.

Au nom du bien de Jake Hinkson, traduit de l’américain par Sophie Aslanides, aux éditions Gallmeister (Mai 2019,320 pages ; septembre 2020,336 pages pour la version poche)

Jake Hinkson est un écrivain, auteur de roman policier et critique de cinéma né en 1975 en Arkansas.

Son père était charpentier et diacre dans une église évangélique, sa mère secrétaire dans une église. Avec ses deux frères, il a grandi dans une famille stricte, baptiste, dans une petite ville du Sud des États-Unis. Il est élevé, à partir de ses 14 ans, au sein d'une communauté religieuse, gérée par ses oncle et tante, d'une région isolée des monts Ozarks.

Durant sa première année de fac, il a traversé une crise religieuse. Malheureux au sein de l’Église baptiste du Sud, conservatrice, il s'est enfoncé plus encore dans la croyance et a rejoint l’Église pentecôtiste ultra-orthodoxe. Il a alors épousé la fille d’un pasteur pentecôtiste.

Quatre ans plus tard, lessivé par les services charismatiques, il a abandonné complètement l’Église et repris ses études.

Quelques années plus tard, il a intégré en Caroline du Nord, à Wilmington, un master de création littéraire. Il a passé la grande partie des dix dernières années à enseigner, à l’Université du Maryland, à Trinity Washington University, et à Monmouth University dans le New Jersey.

Il écrit dans des magazines dont la Los Angeles Review of Books, Mental Floss, Mystery Scene, Criminal Element et Tor. Il publie des articles dans le journal de cinéma d’Eddie Muller, "Noir City". Début 2015, Broken River Books a publié un recueil de ses articles consacrés au cinéma.

Il amorce sa carrière en littérature par la publication du roman policier "L'Enfer de Church Street" ("Hell on Church Street", 2011), dont la traduction en France lui vaut le Prix Mystère de la critique 2016 et le prix TOTEM des Jeunes Libraires 2022.

En 2015, il fait paraître son premier recueil de nouvelles, "The Deepening Shade", et "The Blind Alley", un essai très fouillé sur le film noir.

Avec son roman "Sans lendemain" ("No Tomorrow", 2015), il est lauréat du grand prix de littérature policière 2018.

Jake Hinkson habite à Chicago.

Ouvrage qui représente L'état de L'Akansas du challenge 1 année avec les éditions Gallmeister dans le thème du mois de juillet :Le sud profond .

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