Après s’être essayé aux nouvelles puis au roman, Beata Umubyeyi Mairesse rentre dans le vif du sujet, si je puis oser une familiarité au sin d’un sujet qui n’en est pas une.
Beata Umubyeyi Mairesse est née d’un père polonais et d’une mère Tutsi. En plein génocide des Hutus envers es Tutsis, l’auteure de ce récit (avec sa mère) sera évacuée in extremis grâce à une organisation humanitaire suisse le 18 juin 1994.
C’est de cela qu’il sera question ici, davantage que le génocide en lui-même. Beata Umubyeyi Mairesse va mener au cours de nombreuses années plusieurs enquêtes concernant ce sauvetage, avec en particulier la recherche de quelques photos, et un film sur lesquels elle pourrait figurer et qui petit à petit va nourrir sa réflexion quant à la rédaction d’un ouvrage que voici, trente ans après.
Il y sera d’abord question des origines de ce livre, la quête des photos, des personnes qui pourraient l’aider et/ou lui mettre des bâtons dans les roues, des lenteurs administratives….
Puis un long chapitre est consacré à son témoignage qu’elle livre aux lycéens. C’est une partie moins formalisée, au déroulé nettement plus oralisé que le restant de l’ouvrage, infiniment plus personnel et émouvant. Comme ses ainés de la Shoah, Beata Umubyeyi Mairesse souhaite transmettre à tout prix ce qui s’est passé, ce qui lui est arrivé, souhaite témoigner pour que cela ne sombre pas dans l’oubli, et entend se réapproprier une partie de cette histoire.
Dans une seconde partie, Beata Umubyeyi Mairesse s’attarde longuement sur l’organisation Terre des hommes, organisation suisse à qui elle doit sa survie, alors que d’autres pays semblaient davantage sur la réserve. Elle y raconte les liens d’amitié noués durant ses recherches.
Enfin, dans une dernière partie l’heure de nous -même, elle se met en perspective, et fait face aux difficultés à avancer. Elle chemine vers l’acceptation de ne pas tout savoir. Tout cela conditionne ses choix de vie, et ses orientations professionnelles, et ses engagements envers les autres. Un message on ne peut plus positif et optimiste de la part d’une femme qui a décidé de ″survivre à la survie‶.
Le convoi de Beata Umubyeyi Mairesse, aux éditions Flammarion (Janvier 2024, 330 pages)
Beata Umubyeyi Mairesse est une écrivaine franco-rwandaise née en 1979.
Elle est née et a grandi à Butare, au sud du Rwanda. Fille unique, férue de lecture dès son plus jeune âge, elle fréquente l’école belge. Lors du génocide des Tutsi, elle échappe à la mort. En passant par le Burundi voisin, Beata arrive en France le 5 juillet 1994.
Beata est inscrite en classe de seconde au lycée Sainte-Marie de Beaucamps-Ligny, près de Lille. Puis, elle poursuit ses études : hypokhâgne au lycée Faidherbe, à Lille, Sciences-Po Lille et un DESS en développement et coopération internationale à la Sorbonne.
Coordinatrice de projet pour MSF, chargée de programmes au Samusocial International, assistante à la recherche à l'Université d'Ottawa, chargée de mission AIDES, elle anime des rencontres littéraires à Bordeaux où elle vit.
Son premier texte est publié par la revue XXI au printemps 2014. Un an plus tard, son recueil de nouvelles "Ejo" (2015) paraît. Il a reçu le prix François Augiéras 2016 et le prix du livre Ailleurs 2017.
"Lézardes" (2017) a obtenu le prix de l'Estuaire 2017 et le Prix des Lycéens de Decize 2018.
"Après le progrès" (2019) est son premier recueil de poésie et "Tous tes enfants dispersés" (2019) - son premier roman. Ce dernier se voit décerné le prix Ethiophile 2020.
Ce 3 décembre 2021, Béata recevra à Bruxelles, à la Maison de la Francité, le Prix Littéraire Richelieu de la Francophonie, des mains de Micky Piron, présidente internationale du club Richelieu International Europe, en présence notamment de représentants de l'OIF, de l'AMOPA, et d'Yves Namur, secrétaire perpétuel de l'Académie Royale de Langue et le Littérature Françaises de Belgique.
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