« Je ne suis pas un chercheur de
nazis ; je suis surtout chercheur des âmes juives disparues dans la
Shoah. » S.K
« Un autre homme aurait sans doute exigé
de moi que je m’ampute de l’Allemagne ; Serge m’a aidé à vraiment devenir
une allemande » B.K
Ils les ont tous eus…ou presque. Les grands
ordonnateurs de la déportation des juifs de France, planqués en France, ou à
l’autre bout du monde auront fini par répondre de leur actes, et être condamnés
par la justice de leur pays.
Charité bien ordonnée commence par soi-même,
dit l’adage. La société Allemande finira par regarder son passé en face, non
sans mal, mais elle y parviendra..
De la lutte acharnée contre un ancien nazi
devenu chancelier, à la défense sans relâche de la mémoire des déportés, ce
couple singulier au départ n’aura de cesse de défendre ce qu’ils croient être
juste.
A lui
le travail d’historien, et souvent de" petite main", à elle
les grandes démonstrations publiques et coups d’éclat. A un magazine, elle
répondait il y a peu : « Je n’ai pas agi par culpabilité, mais par
sens de la responsabilité historique et morale. De nombreux nazis étaient
encore en liberté. Dès qu’on le sait, on ne peut plus fermer les yeux. J’ai
agi, voilà tout. »
Ce récit
est écrit à quatre mains ; les points de vue de l’un et de l’autre
se succèdent sans que l’on puisse y déceler de blancs ni de sauts temporels.
Tout s’enchaine avec fluidité et clarté. Si de nombreux passages peuvent
sembler "techniques " et donc objectivement assez ardus, parce que les auteurs ont voulu restituer la
justesse historique nécessaire, la lecture de cet ouvrage est à plus d’un titre
passionnante et historiquement instructive. Les personnalités de chacun se
distinguent au fil des pages. Lui posé, déterminé, méthodique, et fouillant
inlassablement dans les archives, assurant l’intendance. Elle activiste, courant
le monde, et parfois emprisonnée. Eux deux, complices, et unis dans une même
quête, et un même idéal. Ajoutons à cela, une personne pilier, sans qui rien n’aurait
été possible, la mère de Serge Klarsfeld, veillant inlassablement sur les enfants
du couple.
Sans doute que l’aspect littéraire de
l’ouvrage aurait pu être un peu plus "fignolé" …sans doute…mais sa
valeur se situe nettement ailleurs. Il y encore de nos jours des hommes et des
femmes capables d’aller bien au-delà d’eux-mêmes pour redonner vie à des
millions de leurs semblables pour lutter contre l’oubli, la banalisation, et la
répétition.
Mémoires, Beate et
Serge Klars,feld
Fayard/Flammarion,
Mars 2015
680 pages
4ème
de couverture :
Leur couple est une
légende, leur biographie une épopée. Pourtant, rien ne prédestinait cette fille
d'un soldat de la Wehrmacht et ce fils d'un Juif roumain mort à Auschwitz à
devenir le couple mythique de « chasseurs de nazis » que l'on connaît. Leur
histoire commence par un coup de foudre sur un quai du métro parisien entre une
jeune fille au pair allemande et un étudiant de Sciences Po. Très vite, avec le
soutien de Serge, Beate livre en Allemagne un combat acharné pour empêcher
d'anciens nazis d'accéder à des postes à haute responsabilité.
Sa méthode : le coup
d'éclat permanent. Elle traite ainsi de nazi le chancelier Kurt Georg Kiesinger
en plein parlement, puis le gifle en public lors d'un meeting à Berlin, geste
qui lui vaut de devenir le symbole de la jeune génération allemande. Leur
combat les conduit aux quatre coins du monde. En France, ils traînent Klaus
Barbie devant les tribunaux et ont un rôle central dans les procès Bousquet,
Touvier, Leguay et Papon.
Ni les menaces ni les
arrestations - notamment lors de leur tentative d'enlèvement de Kurt Lischka,
ancien responsable de la Gestapo - ne parviennent à faire ployer un engagement
sans cesse renouvelé jusqu'à aujourd'hui. Dans cette autobiographie croisée,
Beate et Serge Klarsfeld reviennent sur quarante-cinq années de militantisme,
poursuivant par ce geste leur combat pour la mémoire des victimes de la Shoah.
A
propos des auteurs :
Serge Klarsfeld est
né en 1935, à Bucarest. Écrivain et historien, il est notamment connu en tant
qu'avocat de la cause des déportés en France. Diplômé d'études supérieures en
histoire à la Sorbonne, de l'Institut d'études politiques de Paris et docteur
ès Lettres, il a traqué de nombreux criminels de guerre. Avec son épouse, Beate
Klarsfeld, il est à l'initiative des procès contre Klaus Barbie, René Bousquet,
Jean Leguay, Maurice Papon et Paul Touvier. Le 9 juillet 1979, ils sont
victimes d'une tentative d'assassinat par le réseau nazi ODESSA. Loin de les
arrêter, ils mènent campagne, en 1986, contre Kurt Waldheim, ancien officier
dans la Wehrmacht, élu alors président en Autriche. Ils ont créé, en 1979,
l'Association des fils et filles des déportés juifs de France (FFDJF), chargée
de défendre la cause des descendants de déportés. En 1981, l'association a
inauguré, en Israël, le Mémorial de la déportation des Juifs de France, un
vaste monument qui porte le nom, la date et le lieu de naissance des 80 000
victimes françaises de l’extermination.
Serge Klarsfeld a
publié plusieurs ouvrages, notamment, Vichy-Auschwitz : Le rôle de Vichy dans
la solution finale de la question juive en France, tomes I et II (Fayard,
1983-1985), La Shoah en France, tomes I, II, III, IV (Fayard, 2001), L'Étoile
des juifs : Témoignages et documents (Archipel, 2002) et Adieu les enfants
(Mille et une nuits, 2005).
Pour le challenge d'Enna, catégorie Lieu (3ème ligne)
Pour le challenge de Bianca.
Je l'avais noté, merci pour la piqure de rappel
RépondreSupprimer