samedi 18 avril 2015

Mémoires



« Je ne suis pas un chercheur de nazis ; je suis surtout chercheur des âmes juives disparues dans la Shoah. » S.K

« Un autre homme aurait sans doute exigé de moi que je m’ampute de l’Allemagne ; Serge m’a aidé à vraiment devenir une allemande » B.K

Ils les ont tous eus…ou presque. Les grands ordonnateurs de la déportation des juifs de France, planqués en France, ou à l’autre bout du monde auront fini par répondre de leur actes, et être condamnés par la justice de leur pays.

Charité bien ordonnée commence par soi-même, dit l’adage. La  société Allemande  finira par regarder son passé en face, non sans mal, mais elle y parviendra..
De la lutte acharnée contre un ancien nazi devenu chancelier, à la défense sans relâche de la mémoire des déportés, ce couple singulier au départ n’aura de cesse de défendre ce qu’ils croient être juste.
A lui  le travail d’historien, et souvent de" petite main", à elle les grandes démonstrations publiques et coups d’éclat. A un magazine, elle répondait il y a peu : « Je n’ai pas agi par culpabilité, mais par sens de la responsabilité historique et morale. De nombreux nazis étaient encore en liberté. Dès qu’on le sait, on ne peut plus fermer les yeux. J’ai agi, voilà tout. »
Ce récit  est écrit à quatre mains ; les points de vue de l’un et de l’autre se succèdent sans que l’on puisse y déceler de blancs ni de sauts temporels. Tout s’enchaine avec fluidité et clarté. Si de nombreux passages peuvent sembler "techniques " et donc objectivement assez ardus,  parce que les auteurs ont voulu restituer la justesse historique nécessaire, la lecture de cet ouvrage est à plus d’un titre passionnante et historiquement instructive. Les personnalités de chacun se distinguent au fil des pages. Lui posé, déterminé, méthodique, et fouillant inlassablement dans les archives, assurant l’intendance. Elle activiste, courant le monde, et parfois emprisonnée. Eux deux, complices, et unis dans une même quête, et un même idéal. Ajoutons à cela, une personne pilier, sans qui rien n’aurait été possible, la mère de Serge Klarsfeld, veillant inlassablement sur les enfants du couple.

Sans doute que l’aspect littéraire de l’ouvrage aurait pu être un peu plus "fignolé" …sans doute…mais sa valeur se situe nettement ailleurs. Il y encore de nos jours des hommes et des femmes capables d’aller bien au-delà d’eux-mêmes pour redonner vie à des millions de leurs semblables pour lutter contre l’oubli, la banalisation, et la répétition.

Mémoires, Beate et Serge Klars,feld
Fayard/Flammarion, Mars 2015
680 pages

4ème de couverture :

Leur couple est une légende, leur biographie une épopée. Pourtant, rien ne prédestinait cette fille d'un soldat de la Wehrmacht et ce fils d'un Juif roumain mort à Auschwitz à devenir le couple mythique de « chasseurs de nazis » que l'on connaît. Leur histoire commence par un coup de foudre sur un quai du métro parisien entre une jeune fille au pair allemande et un étudiant de Sciences Po. Très vite, avec le soutien de Serge, Beate livre en Allemagne un combat acharné pour empêcher d'anciens nazis d'accéder à des postes à haute responsabilité.
Sa méthode : le coup d'éclat permanent. Elle traite ainsi de nazi le chancelier Kurt Georg Kiesinger en plein parlement, puis le gifle en public lors d'un meeting à Berlin, geste qui lui vaut de devenir le symbole de la jeune génération allemande. Leur combat les conduit aux quatre coins du monde. En France, ils traînent Klaus Barbie devant les tribunaux et ont un rôle central dans les procès Bousquet, Touvier, Leguay et Papon.
Ni les menaces ni les arrestations - notamment lors de leur tentative d'enlèvement de Kurt Lischka, ancien responsable de la Gestapo - ne parviennent à faire ployer un engagement sans cesse renouvelé jusqu'à aujourd'hui. Dans cette autobiographie croisée, Beate et Serge Klarsfeld reviennent sur quarante-cinq années de militantisme, poursuivant par ce geste leur combat pour la mémoire des victimes de la Shoah.

A propos des auteurs :

Serge Klarsfeld est né en 1935, à Bucarest. Écrivain et historien, il est notamment connu en tant qu'avocat de la cause des déportés en France. Diplômé d'études supérieures en histoire à la Sorbonne, de l'Institut d'études politiques de Paris et docteur ès Lettres, il a traqué de nombreux criminels de guerre. Avec son épouse, Beate Klarsfeld, il est à l'initiative des procès contre Klaus Barbie, René Bousquet, Jean Leguay, Maurice Papon et Paul Touvier. Le 9 juillet 1979, ils sont victimes d'une tentative d'assassinat par le réseau nazi ODESSA. Loin de les arrêter, ils mènent campagne, en 1986, contre Kurt Waldheim, ancien officier dans la Wehrmacht, élu alors président en Autriche. Ils ont créé, en 1979, l'Association des fils et filles des déportés juifs de France (FFDJF), chargée de défendre la cause des descendants de déportés. En 1981, l'association a inauguré, en Israël, le Mémorial de la déportation des Juifs de France, un vaste monument qui porte le nom, la date et le lieu de naissance des 80 000 victimes françaises de l’extermination.

Serge Klarsfeld a publié plusieurs ouvrages, notamment, Vichy-Auschwitz : Le rôle de Vichy dans la solution finale de la question juive en France, tomes I et II (Fayard, 1983-1985), La Shoah en France, tomes I, II, III, IV (Fayard, 2001), L'Étoile des juifs : Témoignages et documents (Archipel, 2002) et Adieu les enfants (Mille et une nuits, 2005).

 Pour le challenge d'Enna, catégorie Lieu (3ème ligne)

Pour le challenge de Bianca.

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