mardi 18 juillet 2023

Au vent mauvais


Découverte fortuitement il y a une dizaine d’année, Kaouther Adimi fait partie de celles et ceux que je suis peu ou prou au fil de leurs publications., avec un plaisir toujours renouvelé.

Il était une fois deux frères qui n’étaient pas tout à fait frères, mais élevés comme tels dans un tout petit village d’Algérie des années 20. Tarek et Saïd. Ils sont amoureux de Leïla, mais c’est Tarek qui l’épousera, menant une vie de labeur, elle en Algérie, lui en France là où il y a du travail. Saïd poursuivra un autre chemin, celui d’une famille nettement plus aisée, en devenant écrivain. Saïd écrira des années plus tard le roman de sa jeunesse, laissant Tarek et Leïla dans de grosses difficultés.

Cet opus est un peu le roman d’un roman, le roman où il est question d’un autre roman. Mais avant tout l’auteur va revenir au début, avec en premier la narration sous le point de vue de Tarek, puis celui de Leïla où finalement les choses finiront par se rejoindre.

Kaouther Adimi s’est ici inspiré de ses propres grands -parents auxquels est dédié cet opus. Elle nous fait traverser l’histoire contemporaine de l’Algérie passant de l’ère coloniale à l’indépendance, et la guerre civile ; elle dresse le portait d’une femme courageuse, désireuse d’épouser son temps, d’évoluer et de s’émanciper.

J’aime l’écriture précise et juste de Kaouther Adimi. Mais quand elle veut parler des choses qui fâchent, de la violence, de politique, et des horreurs que le pays a traversées, elle se fait plus elliptique. Il faut alors chercher entre les lignes, deviner, imaginer…

Une fois de plus je ne suis pas déçue par ce dernier opus que je lis un peu tard, et que la rentrée suivante va vite reléguer au rang des vieilleries. Il serait vraiment dommage de passer à côté !

Au vent mauvais de Kaouther Adimi aux éditions du Seuil (Août 2022, 270 pages)

 

Kaouther Adimi est née à Alger en 1986

Titulaire d'une licence de langue et littérature françaises obtenu en Algérie, elle est diplômée en lettres modernes et en management des ressources humaines à Paris.

Elle travaille aujourd'hui à Paris où elle vit depuis 2009.

Ses nouvelles ont été distinguées à deux reprises par le prix du jeune écrivain francophone de Muret (2006 et 2008) et par le prix du FELIV (Festival international de la littérature et du livre de jeunesse d’Alger) en 2008.

"L'Envers des autres", son premier roman publié en mai 2011 aux éditions Actes Sud a auparavant été édité en Algérie par les éditions Barzakh sous le titre "Des ballerines de Papicha" en juin 2010. Elle a obtenu le Prix de la Vocation en 2011.

En 2016, paraît son deuxième roman "Des pierres dans ma poche" aux éditions du Seuil (Publication Barzakh en novembre 2015). Il a bénéficié d'un succès critique et de sélections sur de nombreuses listes de prix.En 2019, parait les petits de décembre .

"Nos richesses", le roman d'une librairie de légende, à Alger, des années 1930 à nos jours, est paru en 2017. Il a obtenu le prix Renaudot des lycéens 2017, le prix du Style 2017, le prix Beur FM Méditerranée 2018 et une mention Spéciale du prix littéraire Giuseppe Primoli 2018.

 

1 commentaire:

  1. J'aime aussi le style de Kaouther Adimi. "Au vent mauvais" est un beau roman, très sensible, qui interroge sur le pouvoir du romancier sur la vie réelle.

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