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dimanche 23 septembre 2018
samedi 22 septembre 2018
Trancher
Quand
les mots font bien plus mal que les coups….
Lui
ne frappe pas, mais il parle, insulte, humilie, rabaisse, détruit à petit feu…
Face
à la violence conjugale, quand on est à l’extérieur, la solution est simple :
il suffit de partir ; pourquoi rester avec quelqu’un qui vous maltraite,
vous bas, ou vous injurie.
Pourquoi ?
Parce
que ça n’est pas si simple, en réalité de quitter l’homme que l’on a aimé,
désiré, que l’on aime parfois encore malgré tout, celui qui est le père des
enfants. Parce qu’il est terriblement culpabilisant de priver les enfants de leur
père.
Parce
qu’à chaque insulte, il y a l’excuse, la promesse de plus recommencer, la
volonté de se soigner.
Parce
qu’il a réussi une première fois à changer, et qu’à priori, il a compris….
Parce
que face à cette violence domestique, une femme est seule. Si les enfants
comprennent bien plus qu’il n’en parait, on ne prend pas en otage un enfant de
la sorte. La famille et les amis sont souvent les derniers à savoir, à deviner .
Amélie
Cordonnier met en scène le quotidien d’une femme que la violence des mots a
fait sombre une première fois, et qui quelques années après revit l’enfer
verbal d’un époux qui se déchaîne sur sa femme. Elle arrive à la quarantaine,
et semble résolue à décider pour son anniversaire à trancher.
Ce
qui frappe c’est le choix narratif de l’auteur ; le "tu" est
omniprésent ; un tu qui s’adresse directement à cette femme, un tu qui est
cette femme s’adressant à elle-même. Pour se donner le courage nécessaire pour
décider ? Pour se distancier ?
L’écriture
percutante et incisive de ce roman dit l’urgence d’en finir, de se reconstruire,
de décider.
Ce
premier roman a un caractère universel ; il nous parle de ces familles
modèles et idéales de l’extérieur dont personne ne pourrait imaginer les drames
internes.
Trancher
d’Amélie Cordonnier, chez Flammarion (Août 2018, 160 pages)
Amélie
Cordonnier
est journaliste. Trancher est son premier roman.
Libellés :
La plume au féminin,
littérature française,
parution 2018
vendredi 21 septembre 2018
Comme un seul homme
Une
silhouette masculine dominant deux autres silhouette….la couverture de ce roman
donne le ton, et ne laisse guère espérer de positif….
Un père
embarque manu-militari ses deux garçons, suite au divorce houleux d’avec leur
mère. Du Kansas, ils gagnent le Nouveau Mexique pour redémarrer une autre vie,
lin d’une mère que l’on accable.
A priori,
rien d’anormal…sauf que la situation de dégrade rapidement et gravement. Le
père sombre dans la drogue, les mauvaises fréquentations, la violence laissant
deux frères livrés à eux-mêmes et forcés d’endosser des responsabilités d’adultes
alors qu’ils ne sont que des adolescents.
Ce roman,
le premier publié de l’auteur, s’installe très vite dans une ambiance plombée, suffocante.
Il invite le lecteur à rester sur ses gardes, à rester en retrait, derrière l’un
des fils qui en est le narrateur à attendre un épilogue qu’il devine
dramatique.
Sauf que qu’à
mon grand désarroi, la fin tombe à plat. Avec un début presque idyllique, suivi
d’une montée en puissance trop brutale pour être vraie, le tout s’achève assez
bizarrement.
Le tout n’est
pas désagréable à lire, mais n’incite guère à l’implication. Une lecture en
demi-teinte qui ne me laissera pas un souvenir impérissable.
Lecture en partenariat
avec les éditions Fayard et Netgalley
Comme
un seul homme de Daniel Magariel, traduit de l’américain par Nicolas Richard,
chez Fayard (Août 2018, 190 pages)
Originaire
de Kansas City, Daniel Magariel est diplômé de l’Université de Columbia
et de l’Université de Syracuse, où il a notamment étudié la littérature auprès
de l’écrivain George Saunders. Daniel Magariel vit désormais à New York. Comme
un seul homme est son premier roman.
mercredi 19 septembre 2018
Le prince à la petite tasse
Alors
en pleine rédaction de son roman " L’Enlèvement des Sabines", la
romancière Emilie de Turckheim et sa famille accueille pour quelques mois chez
elle Reza, Afghan, ayant fui son pays depuis l’âge de douze ans.
Reza,
arrive en France après une longue errance et un passage par l’Europe du nord.
Sensibilisée
par celles et ceux qui dorment dehors, et n’écoutant que son cœur et son bon
sens, la romancière et sa famille s’ouvrent naturellement à la détresse de
jeune homme particulièrement volontaire pour s’intégrer et devenir
indépendant.
Ce
livre est le journal, le récit des neuf mois de vie commune avec Reza.
N’ayant
jamais lu l’auteur, je découvre à la fois la plume et son jardin secret qu’est
la poésie. Chaque évènement, ou anecdote est accompagné de poèmes que l’auteur
rédige et livre au lecteur.
On
y découvre également une femme au grand cœur dans sa pratique quotidienne de l’accueil
avec ce qu’il comporte de joie, de difficultés, de curiosité.
Emilie
de Turckheim n’élude rien des difficultés face à l’autre dans sa différence.
Elle manie l’humour pour désamorcer les blocages.
Je
n’ai pas senti, dans ce récit, l’écueil de l’autopromotion, ou de l’autosatisfaction.
C’est à mon sens un récit sincère. A contrario, émotionnellement, il manquait un
peu de conviction.
Merci
aux éditions Calmann-Levy et Netgalley pour la découverte
Le
prince à la petite tasse d’Emilie de Turckheim, chez Calmann-Lévy (Août 2018, 216
pages)
Emilie
de Turckheim vit et écrit à Paris. Elle publie à vingt-quatre ans Les Amants
terrestres.
lundi 17 septembre 2018
Sergent papa
Mathieu
est un comédien un peu égaré, plus vraiment dans le circuit. Il s’est aussi
éloigné de son fils Antoine qui s’est engagé dans une carrière musicale ;
il appartient à un trio de rock qui commence à percer.
Père
et fils ne se comprennent pas, ne se côtoient pas. Mais à la faveur d’une
tournée au Maroc, Antoine tente un rapprochement avec le père. Entre la
culpabilité inavouée et l’admiration refoulée, il va être difficile pour chacun
de faire sa part de chemin vers l’autre.
Si
le sujet m’avait semblé au départ intéressant, je reste cependant assez
dubitative sur la manière dont il été
traité ; pas de façon à rentrer de plein fouet dans le vif du sujet. Si
bien que même avec les personnages, on reste toujours en marge.
Le
roman est plaisant à lire, mais pas vraiment ébouriffant.
Je
remercie les éditions Calmann-Lévy et Netgalley m’avoir donné l’opportunité de
lire cet ouvrage.
Sergent
papa de Marc Citti, chez Calmann-Lévy (Août 2018,160 pages)
Marc
Citti
est un acteur, comédien, auteur, compositeur et interprète français.
Il
intègre à dix-huit ans l’école de comédiens de Patrice Chéreau, et joue
notamment sous sa direction Platonov en 1987 et Hamlet en 1988. Fort de
nombreuses et riches expériences théâtrales, il a joué sous la direction de Luc
Bondy, Didier Long ou encore Jorge Lavelli.
Il
a écrit Le temps des suricates mis en scène par Benjamin Bellecour en 2014 au
Théâtre des Béliers Parisiens – et qui sera repris au festival Off d’Avignon
2015.
Il
a tourné plusieurs films sous la direction de Chéreau (Hôtel de France en 1987
et La Reine Margot en 1994), de Jacques Audiard (Regarde les hommes tomber en
1994) et plus récemment, en 2013, La pièce manquante de Nicolas Birkenstock.
samedi 15 septembre 2018
Miss Jane
Dans
une petite ferme perdue du Mississippi à l’aube de la première guerre mondiale…
Jane
est la petite dernière. A sa naissance il ne faut pas longtemps au docteur des
environs pour constater que le bébé ne sera jamais tout à fait normal. Fille ou
garçon, l’affaire n’est pas si simple, déjà…
Jane naît donc avec une malformation qui
toute sa vie la handicapera. Chez elle, la vie est dure, on ne manque de rien, mais
ça n’est pas l’opulence non plus. Si elle est aimée de ses parents, ces
derniers ne débordent pas pour autant d’affection ni de chaleur ; on ne
mise pas non plus sur elle.
Contre
toute attente, Jane comprendre qu’elle n’est pas tout à fait comme les autres et
s’adapter à la situation. Elle va vouloir apprendre, aller à l’école, s’affranchir
de la vie à la ferme.
Pour
cela elle pourra compter sur le médecin qui devient peu à peu son confident,
répondra au fil du temps à ses interrogations et fera en quelque sorte son
éducation de femme. Sa grande sœur, tiendra aussi à sa façon sa place dans sa construction féminine.
Miss
Jane n’a rien d’un roman triste ; C’est au contraire l’histoire lumineuse d’un
personnage attachant et touchant qui s’accroche et refuse de renoncer à la vie. Elle
accepte son sort, sa différence avec dignité et sagesse.
J’ai
aimé le côté tranquille de ce roman, et la façon qu’a eu l’auteur de poser les
choses.
J’ai aimé l’évocation de la ruralité
américaine et la confrontation des mentalités au sein d’une même famille, ce
féminisme balbutiant qui ne dit pas encore son nom mais qui est bien là !
Je
remercie les éditions Grasset et Netgalley pour cette très belle découverte.
Miss
Jane de Bra Watson, traduit de l’américain par Marc Amfreville, chez Grasset
(Septembre 2018, 385 pages)
Brad
Watson est un écrivain américain né en 1955 dans le Mississippi.
Il
a étudié le français il y a 25 ans à l’Université. Il vit aujourd'hui à Oxford,
à 150 mètres de la maison où William Faulkner a vécu durant 20 ans, donc à deux
pas du sanctuaire.
Ancien
enseignant à l'Université du Wyoming et romancier, il a fréquenté les ateliers
d’écriture de l’université d’Alabama avant de s’imposer comme un maître de la
nouvelle et une des figures marquantes du retour en force de la grande
tradition littéraire du Sud.
Il
a publié son premier recueil de nouvelles, Last Days of the Dog Men, en 1996.
Il a obtenu le prix Sue Kaufman, décerné par l'Académie américaine des arts et
des lettres à une première œuvre de fiction.
Son
premier roman, Le Paradis perdu de Mercury, a été finaliste du National Book
Award.
mardi 11 septembre 2018
Les déracinés
Du
début des années 20 quatre décennies durant, Catherine Bardon s’emploie à
retracer le destin d’une famille juive partie in extremis d’Autriche alors que
les Nazis ont déjà entrepris l’extermination de la communauté juive, jusqu’en
République Dominicaine, seul pays avec Haïti ouverte à l’accueil de ces hommes
persécutés chassés et humiliés dans leurs propre pays. Ce premier roman est
donc une fiction basée sur un contexte historique reel, assez peu connu du
reste.
Dans
le début des années 30 Almah et Wilhem, bien qu’issus de milieux différents se
rencontrent à Vienne, ville dynamique sur le plan culturel et intellectuel,
mélangeant sans problème modernité qui l’agite
et traditions héritée du temps impérial.
Almah
et Willhem sont tous les deux juifs sans pour autant revendiquer leur judéité,
ni la pratiquer. ; Des autrichiens depuis plusieurs générations, éduqués
et intégrés, tout simplement. Seulement dans ces années –là, l’antisémitisme
poursuit son inexorable ascension,, dont le point d’orgue sera l’invasion du
pays par les troupes d’Hitler ; la suite, hélas on la connait.
Si
les deux familles sont parfaitement conscientes des évènements, et si la
question du départ se pose finalement assez tôt, prendre la décision finale
reste un déchirement, un cas de conscience par rapport à ceux qui restent ou
font le sacrifice ultime.
Fuir,
ne va donc pas de soi.
Reconstruire,
et se reconstruire ailleurs ne l’est pas davantage.
C’est
ce que Catherine Bardon s’attarde à nous
montrer dans la troisième partie de ce roman ( la plus conséquente), d’autant
que chacun doit faire le deuil de ce qu’il était avant, doit réapprendre la vie
en communauté tout en absorbant les aléas de l’intimité familiale. L’exil et la
reconstruction sont une chose, mais la que faire après ? S’établir
définitivement là, ou bien s’exiler à nouveau ?
En
lisant ce roman, on ne peut s’empêcher de penser au très beau "Avant que les ombres s’effacent " qui ne peut rivaliser avec celui-là tant il
lui est supérieur.
En
effet, "les déracinés" a la faiblesse d’être trop axé sur le côté
sentimental. Bien des passages auraient gagnés à être étayés afin de laisser
davantage de place à l’aspect historique. Mais sans doute était-ce la volonté
de l’auteur ?
Une
lecture agréable, fluide ; des personnages
attachants, des moments qui peuvent s’avérer
émouvants. Mais, un ensemble qui m’a semblé un peu trop " grand public"
et convenu pour laisser un souvenir durable.
Les
déracinés de Catherine Bardon, aux éditions des escales (Mai 2018, 610 pages)
Catherine
Bardon
est une amoureuse de la République dominicaine. Elle a écrit des guides de
voyage et un livre de photographies sur ce pays, où elle a passé de nombreuses
années. Elle vit à Paris et signe avec Les Déracinés son premier roman.
Libellés :
La plume au féminin,
littérature française,
parution 2018
lundi 10 septembre 2018
Ça raconte Sarah
Un
prologue que j’ai d’abord lu très vite, car en fait, je n’aime pas les prologues
-j’aime rentrer de suite dans le vif du sujet- qu’il m’a fallu finalement relire pour , d’une part bien en saisir le
sens, et je l’avoue volontiers, me faire, un peu revenir sur mon impression
première…
Car,
dès le début, j’ai senti que ce roman ne serait pas comme les autres ; qu’il
aurait quelque chose de spécial qui fait que ça passe, ou ça casse.
Parce
que ne tergiversons pas, ça n’est pas passé.
Oh !
Pas parce que je ne l’ai pas aimé, comme j’ai pu ne pas aimer certains romans. Au
fond, que pouvais-je reprocher à celui-là ?
Ni
son écriture puissante, ni la passion ardente qu’il se dégage, ni la personnalité
des deux personnages, Sarah et sa narratrice.
Juste
un thème qui me désarçonne, avec lequel je ne suis pas à l’aise du tout, un
voyeurisme et une réalité crue que je n’aime pas voir exprimée dans ce cas- là,
précisément . (Chacun son truc, après tout).
Mais
surtout une narratrice que je n’ai pas comprise. Au fond c’est l’histoire d’une
soudaine passion entre deux femmes qui n’avaient
rien en commun, et pourtant...
L’histoire
d’un drame, d’une passion qui tourne mal (comme toujours, d’ailleurs)
Tout
simplement une histoire qui, bien que magnifiquement mise en mot, ne m’a pas du
tout parlé au cœur, qui ne pas parlé du tout d’ailleurs.
Une
narratrice qui m’a profondément agacée, moi, cartésienne convaincue, qui ne
comprends pas qu’on puisse s’embarquer ainsi dans des situations inextricables,
ou qu’on soit dans l’incapacité d’écouter sa raison.
J’ai
toujours entendu dire que la passion n’amenait rien de bon…alors pourquoi lui
laisser la porte ouverte ? Pourquoi ?
Je
sais que je ne vais pas me faire que des amies avec cet avis un peu tranché !
Mais, non, ce roman ne m’a fait ni chaud , ni froid ! Et c'est peut-être ça le pire que ne rien avoir à reprocher à un livre, et ne pas savoir quoi en penser. Terriblement frustrant !
Ça
raconte Sarah de Pauline Delabroy-Allard, aux éditions de Minuit (Septembre
2018 ,190 pages)
Pauline
Delabroy-Allard est née en 1988. Ça raconte Sarah est son premier roman.
Libellés :
La plume au féminin,
littérature française,
parution 2018
samedi 8 septembre 2018
33 tours
Aisha
revient le temps des obsèques de son père, dans la banlieue qui la vue grandir.
Elle est accueillie par Michael, qui lui n’a pas quitté les lieux de son
enfance. Il vit toujours avec sa mère, originaire des Antilles, travailleuse
forcenée et soucieuse de la bonne éducation de ses deux garçons Michael et
Francis
Dans
ce court roman il est question du
présent comme du passé de ces trois jeunes gens, tous issus de l’immigration et
tous confrontés, à u moment ou à un autre aux affres de l’intégration.
Construit
sur une succession allers et retours (pas toujours bien matérialisés, d’ailleurs),
ce roman est écrit sous le prisme de
Michael qui au fil des retours sur un passé vieux de 10 ans.
L’amour
filial, mais plus encore l’amour fraternel est en quelque sorte le fil rouge de
cette histoire teintée également de relents de hip-hop ; mais en ce qui
concerne cela, pour moi ce fût nettement plus flou, voir anecdotique ; d’où
le titre français auquel je préfère nettement celui en langue originale "Brothers"
plus proche de la réalité ; mais ça n’est là que mon humble avis.
Je
sors peu convaincue de cette lecture ; non pas à cause du sujet et de l’histoire
qui m’ont globalement intéressé, mais à cause du manque de souffle romanesque.
Cette histoire, de par sa mise en forme et sa brièveté ne nous emporte pas
vraiment .
Dommage !
Roman lu pour le 17
ème prix du Roman Fnac (2018)
33
tours de David Chariandy, traduit de l’anglais par Christine Raguet, aux
éditions Zoé (Septembre 2018, 170 pages)
Né
en 1969, David Chariandy a grandi à Scarborough, une banlieue difficile
de Toronto. Il vit aujourd’hui à Vancouver, où il enseigne la littérature à la
Simon Fraser University. Son premier roman, Soucougnant, (Zoé, 2012), l’a
consacré parmi les principaux auteurs canadiens contemporains. Chariandy puise
son inspiration au sein de la diaspora caribéenne au Canada et traite de son
intégration à la culture locale.
jeudi 6 septembre 2018
La guerre est une ruse
« Ce lien contre nature entre militaires et islamistes engendrera
inévitablement le grand bordel. Le grand bordel, comprendre l’importation des
problèmes algériens en France. »
« Lorsqu’on s’engage sur la voie du djihad, il
n’y a pas de retour arrière.Pas ici, pas en France en tout cas. »
Les
années 90 en Algérie furent 10 années de
guerre civile, 10 années de lutte de l’Etat en prise à la montée des groupes
islamistes alors que le pouvoir en place et par là-même la
"démocratie" joue sa survie devant les forces obscures en passe de
gagner les élections.
Le
premier volet de cette trilogie s’étend sur 3 années entre 1992 et 1994, alors
que les généraux prennent le pouvoir afin de pas laisser les islamistes prendre
le pouvoir alors qu’ils sont vainqueurs des élections.
Un
grand nombre de personnages gravite dans cette fresque à la fois politique,
sociale où, la France occupe une place importante. L’héritage historique donne
à notre pays une relation particulière avec son ancienne colonie.
Ainsi
nous notons une présence diplomatique notable ainsi qu’un rôle prépondérant de
nos services secrets surveillant de très près leurs homologues algériens…
Impossible
d’en dire davantage sur ce roman qui touche un sujet particulièrement sensible, parce que d’une part très
récent et peu traité en littérature, mais surtout parce que de ce conflit
surgira le terrorisme islamiste en
France dès 1995.
Frédéric
Paulin, au travers de ses personnages à la psychologie finement analysée nous
montre l’étroite collusion entre le pouvoir militaire et les services de
renseignement, et les relations malsaines que le pouvoir militaire entretien
avec les organisations islamistes qu’elles sont censées combattre.
J'ai
finalement assez pu lu autour de l’Algérie, mais ce premier volet m’a scotché
de par son réalisme, sa richesse prouvant un gros travail de recherche de son
auteur, et ses personnages complexes,
travaillés, et attachants pour certains. Je pense à Bellevue, un espion à l’ancienne,
qui travaille au flair, et surtout à l’intelligence qu’il a du terrain et des
hommes. Un type qui verra clair et devinera avant tout le monde.
« Les hommes qui
tiennent l’Algérie ont besoin que le chaos s’étende pour légitimer leur
pouvoir. »
Ce
roman ambitieux et exigeant représente à mes yeux tout ce que j’aime et
recherche dans un vrai roman : une histoire dans l’Histoire.
Un
grand merci à Sébastien pour sa confiance !
La
guerre est une ruse de Frédéric Paulin, chez Agullo (Septembre 2018, 416 pages)
Frédéric
Paulin
écrit des romans noirs depuis presque dix ans. Il utilise la récente Histoire
comme une matière première dont le travail peut faire surgir des vérités
parfois cachées ou falsifiées par le discours officiel. Ses héros sont bien
souvent plus corrompus ou faillibles que les mauvais garçons qu’ils sont censés
neutraliser, mais ils ne sont que les témoins d’un monde où les frontières ne
seront jamais plus parfaitement lisibles.
Il
a notamment écrit Le monde est notre patrie (Goater, 2016), La peste soit des
mangeurs de viande (La Manufacture de livre, 2017) et Les Cancrelats à coups de
machette (Goater, 2018).
mercredi 5 septembre 2018
Il est déjà demain
« Je ne suis pas un congolais typique. Je l’ai
dit ailleurs, je suis un SIF, un Sans Identité Fixe. Ce livre est précisément
une tentative de réponse au flou de ma généalogie »
« Le métis est un être ballotté entre
plusieurs familles, qui appartient à trois tribus : celle de sa mère,
celle de son père, celle des métis. »
« Les parents des métis sont des précurseurs
qui piétinent les frontières. »
C’est
alors que le gouvernement congolais (pour lequel l’auteur travaille à l’époque)
souhaite donner la priorité aux enfants du pays, ce dernier demande à l’auteur de
prouver sa filiation et ses racines congolaises.
Pour
Henri Lopes l’affaire n’a rien de simple, car métis, porteur d’un nom à consonance
portugaise a des ascendances multiples, et contre toute attente, est né au
Congo, mais l’autre Congo, celui de l’autre côté du fleuve.
Ce
livre est le rassemblement des souvenirs de ‘auteur, de tout ce qui l’a forgé,
bâti. De ses origines multiples, il a su tirer le meilleur et l’apporter au
service des français comme enseignant, des congolais comme responsable de l’enseignement
de son pays indépendant depuis peu, et de la communauté internationale à l’Unesco.
Il
est déjà demain, est donc le reflet d’une vie incroyablement riche, de ses
combats engagés pour l’indépendance et la construction d’un pays. C’est aussi,
et surtout une réflexion constante de ce que représente le métissage pour l’auteur,
de ce que cela lui a apporté, et ce que cela lui a demandé de lutte et d’obstination
pour être respecté et reconnu.
Ce
livre est également le reflet d’une époque : la décolonisation de l’Afrique,
la construction. Il montre les errements, les doutes et les espoirs d’un
continent ; la richesse et les potentiels de sa population.
J’ai
beaucoup apprécié cette lecture pour ce qu’il apporte d’éclairage sur cette
époque, pour le témoignage précis et objectif (me semble-t-il). Henri Lopes
manie une langue riche dans un style un tantinet désuet qui donne à l’ensemble
un petit côté rétro bien agréable.
Une
bien belle découverte !
.Je
remercie les éditions Lattès et Netgalley pour l’opportunité de
lecture.
Il
est déjà demain d’Henri Lopes, chez JC Lattès (Septembre 2018,350 pages)
Henri
Lopès est né à Léopoldville en 1937, chef-lieu de l'ancien Congo belge,
maintenant la République démocratique du Congo. Il passe ses années d'écolier à
Brazzaville et Bangui et séjourne de 1949 à 1965 à Paris et Nantes. Il finit en
1963 ses études à la Sorbonne pour y devenir professeur. Il est membre de
quelques associations d'étudiants africains. Après son retour au Congo, il est
professeur d'histoire à l'École normale supérieure d'Afrique Centrale à
Brazzavile jusqu'en 1966 et ensuite Directeur de l'Enseignement jusqu'en 1968.
En
tant qu'écrivain, Henri Lopès est considère comme un des représentants les plus
connus de la littérature africaine moderne. En 1972 il est lauréat du Grand
Prix littéraire de l'Afrique noire de l'Association des écrivains de langue
française pour son livre Tribaliques. En 1993, l'Académie française lui décerne
le Grand prix de la Francophonie; la même année il devient docteur d'honneur de
l'université de Paris XIIème et en 2002 de l'université de Québec.
Libellés :
Littérature africaine,
littérature francophone,
parution 2018
mardi 4 septembre 2018
Les exilés meurent aussi d'amour
Il
était une famille iranienne fuyant la révolution islamique, et se retrouvant à
Paris et retrouvant quelques membres arrivés plus tôt.
Des
exilés, voilà ce que sont désormais ces membres de cette famille. Shrin, qui
est une gamine lors de son arrivée à Paris est la narratrice de ce roman qui,
très rapidement plante le décor. La famille est révolutionnaire, positionnée à
gauche, et pour le moins " haute en couleur". Pour parodier une
publicité, je dirais : il se passe toujours quelque chose dans cette
famille. Cela bouge, cela virevolte.
Famille
atypique qui ne tarde pas à étaler ses failles, ses non-dits, ses petites ou
grosses cachoteries….
Au
milieu de tout ça, la petite Shirin, observe, écoute, épie même ; elle se forge une opinion, se
construits des rêves. Elle ne tarde pas à comprendre qui est qui, qui fait
quoi, et qui cache quoi. Shirin, elle ne renie rien, mais ne s’interdit rien
non plus. Elle assume, et revendique même ses choix, pas forcément toujours
très fédérateurs.
Au
début, j’ai trouvé cela assez "drôle" et d’une fraicheur originale…Oui,
mais trop, c’est trop.
Devant
cette famille décrite comme complètement barjot, dysfonctionnelle, on en arrive
à se fatiguer tant il leur en arrive. Et comme on le dit souvent, plus c’est
gros, plus ça passe ! Et bien non !, ça ne passe plus !
La
parodie poussée à son extrême ne fait plus rire, décrédibilise tout le monde.
Le
tout prend un air ridicule. On s’agace en espérant que la plaisanterie prenne
fin au plus vite.
C’est
vraiment dommage, car ce qui aurait pu être un grand et beau roman sur l’exil
est devenu au fil des pages un catalogue de péripétie à chaque fois plus invraisemblable
que la précédente rendant de fait l’intention
première de l’auteur contre-productive, et son propos sur l’exil inaudible…En
tout cas à mon sens ; Mais j’ai peut-être mal compris le propos de l’auteur….
Bref,
une grosse déception qui ne me donnera pas envie de renouveler l’essai avec l’auteur
que je découvrais avec cet ouvrage…
Je remercie les éditions grasset et Netgalley
pour l’envoi de ce livre.
Les
exilés meurent aussi d’amour d’Abnousse Shalmani chez Grasset (Août 2018, 400
pages)
Née
à Téhéran en 1977, Abnousse Shalmani s’exile avec sa famille à Paris, en
1985, suite à la révolution islamique. Après un début de carrière dans le
journalisme et le cinéma, elle revient à sa vraie passion, la littérature, et
signe un premier livre très remarqué : Khomeiny, Sade et moi (Grasset, 2014).
Libellés :
La plume au féminin,
littérature francophone,
parution 2018
lundi 3 septembre 2018
Dix-sept ans
« Infirme à montrer mes sentiments dès qu’il s’agissait
de maman. »
« Un désamour tenace envers cette petite femme
que j’avais longtemps appelée par son prénom, Lina. Dix fois par jour
j’oubliais que j’étais son fils. Et autant de fois, je m’efforçais de m’en
souvenir. »
« Je savais bien que j’avais aimé ma mère.
Mais je ne retrouvais plus ces sensations de chaleur, ni aucune marque tangible
d’affection entre nous. Quelque chose n’avait pas eu lieu avec Lina. Mais
quoi ? »
Un
narrateur qui s’appelle Éric qui est l’auteur sans être l’auteur. Lina est sa
mère, sans l’être tout à fait. On comprend assez vite que ce livre est la grande
affaire de son auteur. C’est lui qui s’exprime, via son narrateur, pour gagner
en liberté.
Et
cela commence fort ; à l’issue d’un banal repas de famille, Lina jette un
pavé dans la marre, vide un sac lourd de plus d’un demi-siècle.
Pour
le narrateur, commence une quête de
vérité à la fois éprouvante et émouvante.
Dix-sept
ans est le portrait touchant et tout en nuance d’une femme qui voulait tout
simplement être aimée, et qui victime de son époque et de ses principes
rigoristes n’a non seulement pas pu aller au bout de ses sentiments, mais n’a
pu, dans un premier temps du moins pu installer une relation harmonieuse avec
son fils.
«
J’étais le survivant d’une histoire
trouble qui nous avait séparés, une histoire douloureuse oubliée à dessein.
»
Dix-sept
ans, est le cri d’amour d’un homme qui durant 30 ans inlassablement cherché à écrire ce livre,
chercher à montrer ce qu’était véritablement sa mère.
Dix-sept,
comme l’âge de Lina, exilée à Nice pour mettre au monde l’enfant de la honte, à
l’abri des regards, loin de sa famille fidèle aux idées moyenâgeuses d’une
Eglise inhumaine et destructrice de la France des années 60. On ne saura jamais
assez les violences faites aux femmes, et par ricochet aux enfants, par une
institution encore forte de son pouvoir sur les corps et les âmes, avec l’unique
but de jouer la redresseuse de tors et la gardienne d’une morale qu’elle considère
comme la seule voix possible.
C’est
à pas feutrés que l’on se glisse avec deux-deux pour mieux suivre leurs retrouvailles ; mais aussi pour se
délecter d’une écriture à la fois tout en
finesse et brutale jusqu’à l’électrochoc, parfois.
C’est
ce mélange de dureté, de tendresse, d’amour et de beauté qui donne à ce roman
son caractère unique..
A
ce jour, il est pour moi l’ouvrage le plus émouvant et le plus intime de cette rentrée.
Dès
les premières lignes de "Dix-sept ans ", j’ai immédiatement
pensé à "l’homme qui m‘aimait tout bas "consacré à son père adoptif.
Deux livres, qui selon l’auteur, se tiennent la main.
«
Deux pères ont effacé une mère comme un
drame peut en cacher un autre. »
Dix-sept
ans d’Eric Fottorino, chez Gallimard (Août 2018, 272 pages)
Éric
Fottorino
est le fils d'une infirmière, Monique Chabrerie, enceinte à 16 ans d'un juif
marocain qu'elle ne pourra pas épouser. Elle épousera plus tard un
kinésithérapeute, Michel Fottorino, qui donnera son nom au petit Eric Bruno.
Il
passe son enfance à Bordeaux et suit ses études à La Rochelle, d'abord au Lycée
Fénelon puis à Faculté de Droit d'où il sort avec une Licence, envisageant un
temps de s'engager dans une carrière d'avocat ou de magistrat. Après La
Rochelle, Éric Fottorino intègre l'Institut d'Études Politiques (IEP) de Paris
et s'intéresse dès lors au journalisme.
En
1981, il envoie au journal Le Monde une tribune sur l'article 16 de la
Constitution qui sera aussitôt publiée. L'année suivante il commence à
travailler comme journaliste pigiste pour Libération puis à La Tribune de
l'Économie (1984-85). En 1986 il entre au Monde où il effectuera dès lors toute
sa carrière.
Au
sein du quotidien du soir, Eric Fottorino est d'abord journaliste spécialisé
sur les matières premières et le continent africain tout en étant parallèlement
Chargé de conférences à l'IEP de Paris de 1992 à 1995. Il devient Grand
reporter (1995-1997), Rédacteur en chef (1998-2003) puis Chroniqueur (2003-06).
En
2005, il est chargé de préparer la nouvelle formule du quotidien puis est nommé
Directeur de la rédaction en mars 2006, remplaçant à ce poste Edwy Plenel qui a
démissionné du journal.
En
juin 2007, suite à l'éviction de Jean-Marie Colombani après un vote négatif de
la Société des rédacteurs, Eric Fottorino est élu Directeur du Monde. En raison
de désaccords d'ordre financier avec la Société des rédacteurs, il annonce en
décembre sa démission, en compagnie de Pierre Jeantet et Bruno Patino, mais
revient finalement sur sa décision. Il décide de se porter candidat au poste de
président du directoire du groupe La Vie-Le Monde, occupé jusqu'alors par
Pierre Jeantet, et est élu à l'unanimité le 25 janvier 2008 par les membres du
Conseil de surveillance.
Le
9 avril 2014 est paru le premier numéro de l’hebdomadaire Le 1, co-fondé par Eric
Fottorino, Laurent Greilsamer, Natalie Thiriez et Henry Hermand.
Éric
Fottorino est aussi l'auteur d'une œuvre de romancier commencée dès 1991 avec
le très autobiographique Rochelle. Outre quelques essais (Le Festin de la terre
1988, Prix du meilleur livre d'économie, La France en friches, 1989), il a
publié une dizaine de romans. Citons notamment Coeur d'Afrique (1997, prix
Amerigo Vespucci), Nordeste (1999)
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